Homélie du 4ème dimanche de carême
La
lumière du Christ est venu éclairer jusqu’à nos obscurités.
N’est
pas aveugle celui que l’on croit. Ce serait même plutôt l’inverse.
Celui
qui ne voit pas est le seul à reconnaitre Jésus comme Fils de l’homme. Jésus
nous dit : « Je suis venu en ce
monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent
voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles ».
Déjà
dans la première lecture. Le prophète Samuel est aveuglé, en se servant des critères habituels
du monde quand il s’agissait de trouver un « chef ». Il s’est laissé emporter à
son jugement par l’apparence de la haute taille d’Eliab, un des fils de Jessé
pour en faire le Messie. Pour faire un roi, il est normal de choisir parmi les
forts, de grande taille,
le
petit David a été négligé, le petit de la famille est resté au champ garder le troupeau.
Il
faudra que Dieu ouvre les yeux de Samuel sur une autre réalité pour oindre
celui que Dieu avait choisi.
Nous
voici donc invités à nous aussi à changer nos manières de voir, nos critères de
perception.
Pour se
faire, remontons au livre de la Genèse, où
nous voyons comment Dieu créa l’homme,
Dieu bâtit l’homme avec de la poussière du sol. Il insuffla dans ses narines
le souffle de vie et l’homme devint un vivant. Dans l’Evangile, près de la piscine
de Siloé,
Jésus
cracha sur le sol et avec sa salive, il fit de la boue qu’il appliqua sur les yeux
de l’aveugle. L’aveugle lava la boue de ses yeux et il put alors voir.
Au
commencement : des narines, un souffle, de la poussière du sol. En
parallèle, aujourd’hui
dans
l’Evangile : des yeux, de la salive, de la boue. Dieu créa l’homme, mais
il n’était pas complètement accomplit, il fallait le finir, Jésus vient achever
la création de cet aveugle de naissance, il vient lui redonner la vie pour
qu’il puisse voir. A nous aussi, Jésus vient achever ce que Dieu a commencé, laissons-nous
toucher par Jésus, laissons achever en nous ce que le Père a commencé. Plus
récemment, à Lourdes, dans la grotte, Bernadette creusa et trouva une source,
de cette eau boueuse puisqu’elle était mélangée à la terre qu’elle venait de
remuer, Bernadette s’en barbouilla le visage, et la Vierge Marie lui laissa ce
message : « venez à la source vous y laver ». Nous avons donc
besoin de nous laisser laver par le Seigneur, nous sommes quelque part un peu
souillé, notre âme n’est pas toute pure présentons-là au Seigneur pour qu’il la
purifie, demandons pardons au Seigneur pour qu’il vienne nous laver de nos
péchés.
Jésus
vint trouver l’aveugle et lui dit : « Crois-tu au Fils de l'homme ? »
Il
répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui
dit :
« Tu le
vois, et c'est lui qui te parle. »
Il dit
: « Je crois, Seigneur ! », et il se prosterna devant lui.
Cette
confession de foi, près de la piscine, préfigure la nôtre lors de notre
baptême,
lors de
notre plongée dans les eaux qui nous font naître à la Vie de Dieu.
L’acte de foi de l’aveugle est primordial. La
foi, c’est aller au-delà du raisonnable temporel, matériel, car celui qui ne
voit pas est le seul à reconnaitre Jésus comme Fils de l’homme.
Et ceux
qui voient sont trop habitués à ne voir que le matériel et non le spirituel.
Les lectures de ce jour nous parlent du
Christ comme lumière du monde. Elles nous parlent d’eau qui lave et qui ouvre à
la vision du Fils de l’Homme.
Autant
d’effets significatifs de la victoire de Pâques et mis en oeuvre au coeur du
Carême, comme pour que nous évitions une
séparation trop forte entre d’une part le Carême,
qui
serait un temps morne, et la joie de Pâques d’autre part. La liturgie
aujourd’hui nous dit déjà qu’au coeur de nos souffrances, Celui qui sauve est
déjà là près de nous.
Les
pharisiens accusent l’aveugle qui a retrouvé la vue, d’être tout entier plongé
dans le péché, alors même qu’il venait de se plonger dans la piscine de
l’illumination et que sa chair avait été rebâtie. Les yeux des pharisiens sont fermés,
clos sur des certitudes des préceptes qui les sécurisent trop vite dans leur
monde qu’ils se sont formé.
L’aveugle
ne sait pas tout de celui qu’il confesse mais dont la puissance de Vie
l’a touché et ouvert. « Réveille-toi, ö toi qui dors, et le Christ t’illuminera
», nous dit Saint Paul dans la deuxième lecture.
L’aveugle
devient, comme tout baptisé, un illuminé,
non
parce que ses propos seraient savants et fumeux, mais parce
qu’il
vit de la lumière du Christ qui est venu éclairer jusqu’à ses obscurités.
Et Paul
Claudel de dire : « il y a des yeux qui reçoivent la lumière.
Ce sont
ceux-là qui peuvent alors la donner ».
D’après diverses sources