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samedi 8 juillet 2017

Homélie du 9 juillet 2017
« Vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit »
La grosse difficulté de cette expression que nous venons d’entendre dans la deuxième lecture est dans le mot « chair » : chez Saint Paul, il n’a pas le même sens que dans notre français courant du vingt-et-unième siècle. Nous, nous sommes tentés d’opposer deux composantes de l’être humain que nous appelons le « corps » et : « l’âme » et nous risquons donc de faire un épouvantable contresens : quand Paul parle de chair et d’esprit, ce n’est pas du tout cela qu’il a en vue. Ce que Saint Paul appelle « chair », ce n’est pas ce que nous appelons le corps
(la viande) ; ce que Paul appelle l’Esprit, ce n’est pas ce que nous appelons l’âme.
D’ailleurs Paul précise plusieurs fois qu’il s’agit de l’Esprit de Dieu, ou encore il dit
« l’Esprit du Christ ». Et encore, si on y regarde de plus près, il n’oppose pas deux mots
« chair » et « Esprit », mais deux expressions « vivre selon la chair » et « vivre selon l’Esprit ». Pour lui, il faut choisir entre deux modes de vie ; ou pour le dire autrement, il faut choisir nos maîtres, ce à quoi nous sommes soumis, car il faut le reconnaître nous sommes soumis toujours à quelque chose, et la vrai liberté n’est pas de vouloir être insoumis, mais de choisir ce à quoi nous voulons être soumis et d’en être conscient.

Vivre « selon la chair », pour Saint Paul, c’est vivre sans Dieu, être soumis aux lois matérielles dont profite la publicité pour nous faire acheter même ce dont nous n’avons pas besoin, nous faisant miroité que cela vas nous rendre plus heureux. Et de nous enfermer dans les limites de l’intelligence et des forces humaines ; évidemment, cela ne va pas loin !
Ou plutôt si, cela peut aller très loin, mais dans le mauvais sens. Car vivre sans Dieu finit toujours par vouloir dire vivre loin de Dieu, et d’un éloignement qui ne peut que s’aggraver.
C’est ce que Paul a décrit dans les premiers chapitres de cette lettre aux Romains.
Pour reprendre les images de la Genèse, vivre selon la chair, c’est vivre comme Adam :
il veut devenir comme Dieu, mais sans l’aide de Dieu : il se trompe. Nous aussi,
à nos heures, qui cherchons notre bonheur tout seuls, sans lui, ou même contre lui,
sans nous apercevoir que c’est le meilleur moyen de faire notre malheur.
Au contraire, vivre « selon l’Esprit », c’est nous laisser guider par lui, et donc vivre de la force de Dieu : cela change tout ! Or la grande nouvelle que nous donne St Paul, c’est
« L’Esprit de Dieu habite en vous » donc « vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair,
mais sous l’emprise de l’Esprit ». Or, celui qui habite la maison, c’est le maître, c’est lui qui dirige. Nous sommes donc devenus littéralement des maisons de l’Esprit : c’est lui qui commande désormais.
Encore faut-il savoir quelle place nous lui laissons dans notre maison ; car nous sommes libres d’ouvrir plus ou moins la porte pour lui laisser un peu de place en nous. Par ailleurs, Paul insiste sur notre liberté : « vous n’êtes plus sous l’emprise de la chair » signifie que nous ne sommes plus esclaves des forces du mal, que nous avons désormais la force de faire triompher les vraies valeurs : l’amour, la paix, la vérité, la justice. Nous en avons la force, mais nous n’y sommes pas obligés non plus : à chaque instant, le choix est à refaire.
Plus nous laisserons de place à l’Esprit Saint dans notre maison (c’est-à-dire plus nous ferons ce qu’il nous souffle de faire dans la voie de l’amour, de la bienveillance, du pardon),
plus nous serons des vivants.
Avant sa conversion, Paul appliquait des quantités de règles morales et religieuses avec beaucoup de fidélité mais l’Esprit du Christ n’habitait pas en lui ; il vivait encore
« sous l’emprise de la chair ». Et cela pouvait l’amener à la violence et au meurtre, avec la meilleure foi du monde. Après sa rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas,
sa vie tout entière est inspirée par l’Esprit du Christ, jusqu’à pouvoir dire :
« Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).
Nous aussi, depuis notre Baptême, nous pouvons laisser l’Esprit prendre possession de notre maison. Paul en déduit deux conséquences : premièrement, nous ressusciterons avec le Christ ; c’est une promesse pour le futur : l’Esprit exercera en nous sa puissance et réalisera en nous ce qu’il a réalisé en Jésus-Christ : « Si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. » Deuxièmement, dès maintenant,
notre vie est transformée, comme l’a été celle de Paul, car, désormais, nous sommes
« sous l’emprise de l’Esprit ». « Je mettrai mon esprit en vous et vous vivrez » annonçait le prophète Ezéchiel ; Paul parle souvent de cette nouvelle vie spirituelle qui est la nôtre depuis notre Baptême : tout en demeurant encore dans notre corps mortel, nous pouvons déjà vivre de l’Esprit du Christ. C’est ce que Saint Jean appelle la « vie éternelle ».
Concrètement, on voit bien ce que cela veut dire, il suffit de remplacer le mot « Esprit »
par le mot « amour » : « vivre selon l’Esprit » c’est se laisser souffler par lui des paroles et des gestes d’amour. Quelques chapitres plus haut, Paul écrivait aux Romains : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Rm 5, 5).
Et dans la lettre aux Galates, il explique ce que sont les fruits de l’Esprit :
« joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi »
Merci Seigneur pour ton Esprit qui nous sanctifie pour rendre ce monde meilleur.

De diverses sources

dimanche 2 juillet 2017

Homélie du dimanche 2 juillet
Les textes bibliques de ce premier dimanche de juillet où ça sent les vacances, ces textes nous adressent des paroles fortes sur l'accueil. Tout au long de cette période d'été,
nous aurons l'occasion d'accueillir ou d'être accueillis en famille.
Nous rencontrerons des personnes différentes venues d'ailleurs, ou nous irons ailleurs.
Dans la première lecture de ce jour, il s'agit du prophète Élisée qui est accueilli par la Sunamite. Cette femme se montre très généreuse envers lui car elle a reconnu en lui un homme de Dieu. Mais elle porte en elle une souffrance dont elle ne parle pas : elle n'a pas de fils et son mari est âgé, et à cette époque-là en Israël, c’était une véritable honte pour une femme. Avec beaucoup de délicatesse, Élisée lui promet ce fils qu'elle n'escomptait plus.

En écoutant ce texte de la Parole de Dieu, nous comprenons qu'accueillir l'autre c'est écouter ses confidences, partager ses joies et ses peines. Ce qui est important ce n'est pas le luxe mais les qualités de l'accueil. Nous chrétiens, nous avons appris qu'à travers ces personnes que nous rencontrons, c'est Dieu qui est là, c'est lui que nous accueillons ou que nous refusons d'accueillir. N'oublions pas : c'est à nos qualités d'amour et d'accueil que nous serons reconnus comme disciples du Christ.

Dans sa lettre aux Romains, saint Paul nous parle du jour le plus important de notre vie, celui où nous avons été accueillis dans la grande famille des chrétiens.
Nous l'avons compris, c'est du baptême qu'il s'agit.
Au jour de notre baptême, nous avons été immergés dans cet océan d'amour qui est en Dieu, Père Fils et Saint Esprit.
Désormais nous choisissons d'accueillir le Christ et de le mettre au cœur de notre vie.
Car, désormais, nous nous devons de mener une vie nouvelle, conforme à l’Esprit du Christ. il suffit d’y croire, et c’est très exigeant !
Quand Paul dit « nous sommes morts au péché », il veut dire que nous sommes morts à notre mauvaise manière de vivre. Désormais, nous vivons une vie nouvelle : nous avons abandonné les fausses valeurs du monde pour vivre à l’image de Jésus. Imiter Jésus,
c’est sortir de l’engrenage de la haine et de la violence, du goût du pouvoir ou de l’argent. C’est le choisir, lui comme notre seul maître et entrer dans une nouvelle manière de vivre faite d’amour et de service des frères. Et c’est notre baptême suivi de la catéchèse, qui a inauguré pour nous ce changement radical d’orientation, le commencement de notre nouvelle vie. Paul envisage donc le baptême comme une véritable libération. Libération de nos attaches confortables dans un certain sens. Un peu comme le drogué qui ne peut pas se libérer de cette drogue qui lui fait du bien dans l’instant où il la prend mais qui dans la durée lui fait du mal. Ainsi nous aussi nous pouvons avoir des plaisirs immédiats mais qui n’ont aucun avenir durable.

L'Évangile de ce dimanche nous parle aussi de l'accueil. Mais il précise avec beaucoup de force que notre amour pour Jésus doit passer avant tous les liens familiaux : "Celui qui aime son père, sa mère, ses frères, ses sœurs et ses enfants plus que moi n'est pas digne de moi."

Comprenons bien : il est tout-à-fait normal que des enfants aiment leur père et leur mère plus que tous les autres hommes. Il n'y a pas de liens plus forts que ceux qui existent entre parents et enfants. Nous sommes tous très attachés à nos parents ; c'est tout à fait naturel. Et quand ils ne sont plus là, c'est une souffrance pour nous.

Mais en y regardant de près, nous voyons que Jésus ne s'adresse pas à la grande foule ; c'est à ses apôtres que ses paroles sont destinées. Et il n’appelle pas tous les hommes à être apôtres et missionnaire pour partir dans tous les coins du monde. Il les a appelés à marcher à sa suite.
Certes, le Seigneur nous appelle tous à être "disciples et missionnaires », mais chacun à notre niveau. Le disciple c'est celui qui marche à la suite du Christ et qui écoute ses enseignements, pour en vivre et en être témoin. Donc le père et la mère de famille en seront témoins dans la manière de vivre dans leur famille en commençant par élever leurs enfants. Pour le missionnaire qui a fait veux de célibat, c’est d’une autre manière. Notre amour pour le Christ doit être plus fort que notre amour pour les membres de notre famille, car l’amour vient de Dieu, et c’est parce que nous aurons plus d’amour pour Dieu, que notre amour pour les membres de notre famille n’en sera que meilleur.
Accueillir le Christ, le préférer à tout, être habité par lui, voilà ce qui nous est proposé au début de ces vacances d'été. Nous apprendrons à le reconnaître à travers les personnes que nous rencontrerons. Le rôle de l'Église, notre rôle à tous, c'est précisément d'accueillir tous ceux et celles qui se sentent attirés par lui.
C'est à ces qualités d'accueil que nous serons reconnus comme disciples du Christ.

Le dimanche, nous sommes réunis pour l’Eucharistie ; c’est Dieu qui nous accueille en sa maison. Il nous invite à son festin. Et à la fin de chaque messe, il nous envoie pour témoigner dans le monde de cet amour gratuit toujours offert. Les occasions ne manquent pas où nous pouvons rendre les autres plus heureux. Ne les manquons pas. A travers eux, c’est le Seigneur qui frappe à notre porte.

De diverses sources