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dimanche 23 juin 2019

homélie du dimanche 23 juin fête du corps et du sang du Christ

Pour la fête du Corps et du Sang du Christ, on lit un récit de miracle et plus exactement de multiplication des pains : ce choix peut nous surprendre ; Corps et du Sang du Christ, nous pensons aussitôt à l’Eucharistie... et, à première vue, quel lien y a-t-il entre l’Eucharistie et un miracle de multiplication des pains ?
Les gestes que Jésus fait sont décrits avec les termes mêmes de la liturgie eucharistique :
« Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel il les bénit, les rompit et les donna à ses disciples»

 « Le jour commençait à baisser » : les disciples ont souci de ces gens qui vont se laisser surprendre par la nuit ; très sagement ils suggèrent la solution : il faut disperser cette foule, renvoyer tout le monde ; chacun pourra régler son problème de logement et de nourriture ;
on trouvera bien le nécessaire dans les environs ; c’était envisageable. Mais Jésus ne retient pas cette solution de dispersion : car le Royaume de Dieu est un mystère de rassemblement, nous le savons ; il ne s’accommode pas du « chacun pour soi ».
Et Jésus dit sa solution à lui : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » ; les disciples ont dû être un peu surpris ! Sa solution, elle est facile à dire, mais comment faire ? Les disciples réalistes, comme beaucoup d’entre nous, ils rétorquent : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons » ; cela pourrait aller pour une famille, peut-être, mais pour cinq mille hommes, c’est dérisoire. A vues humaines ils ont raison. Mais pourtant, si Jésus leur dit :
de nourrir eux-mêmes la foule, c’est qu’ils en ont les moyens, et que ça va dans le sens logique de la mission de Jésus et de ses disciples.

Alors ils ne voient qu’une solution,: nous pourrions « aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce monde ». C’est déjà beaucoup mieux ; ce n’est pas une solution de dispersion ; mais ils n’ont pas beaucoup d’argent. Mais il y a une autre solution qu’ils ne voient pas : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante ». Comme à l’époque de Moïse,
il avait regroupé le peuple qu’il conduisait par groupe de cinquante.  Jésus choisit donc la solution du rassemblement ; on peut remarquer cependant que si le règne de Dieu est un rassemblement, ce n’est pas une foule indistincte, c’est un rassemblement organisé ; une communauté de communautés, un rassemblement de communautés distinctes, si l’on préfère.

Il « bénit » les pains : ce n’est pas un rite magique sur le pain ; c’est reconnaître le pain comme don de Dieu et lui demander de savoir l’utiliser pour le service des affamés. Reconnaître le pain comme don de Dieu, c’est tout un programme ; c’est très exactement le sens de la démarche de la préparation des dons à la Messe : ce que l’on appelle l’offertoire ; si la Réforme liturgique engagée au Concile Vatican II a remplacé le mot « offertoire » par cette expression « Préparation des dons », c’est pour nous aider à mieux comprendre de quoi il s’agit : ce n’est pas nous qui donnons quelque chose. L’offertoire est dans la Prière Eucharistique, c’est l’offrande de Jésus.
Dans la formule « Préparation des dons », il faut entendre « Préparation des dons de Dieu ». Au moment de la quête où vous donner un peu de votre subsistance matérielle pour faire vivre la communauté Eglise, vous apportez à l’autel du pain et du vin qui sont symboliques de la création et du travail de l’homme, nous reconnaissons que tout est don de Dieu : que nous ne sommes pas propriétaires de tout ce qu’il nous a donné, nous n’en sommes pas propriétaires, nous en sommes intendants : et ce geste répété à chaque Eucharistie va peu à peu nous transformer, et faire de nous réellement des intendants de nos richesses pour le bien de tous.
 « Donnez-leur vous-mêmes à manger », Jésus voulait  faire découvrir à ses disciples qu’ils ont des ressources insoupçonnées... mais à condition de tout reconnaître comme don de Dieu.
Si ce texte nous est proposé à nous, aujourd’hui, à notre tour, c’est que Jésus, devant les affamés du monde entier, nous dit aujourd’hui : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Et nous aussi, comme les disciples, avons des ressources que nous ignorons. A condition de reconnaître nos richesses de toute sorte comme don de Dieu et de nous considérer, nous, comme de simples intendants chargés de multiplier les richesses du monde pour les partager à tous les hommes.

Chaque dimanche, nous nous sommes rassemblés pour nous nourrir de la Parole et du corps du Christ. Le Curé d’Ars disait que nous n’en sommes pas dignes mais nous en avons besoin. Il s’agit d’une nourriture absolument essentielle. Comme les juifs au temps de Jésus, nous avons peut-être du mal à comprendre. Mais comme Pierre, nous pouvons dire : « A qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle. » Soyons dans la joie, le Christ vient à nous, soyons fidèle à venir communier régulièrement pour recevoir le corps du Christ et être ainsi toujours un peu plus corps du Christ, pour en être témoin quotidiennement par l’amour que nous nous donnons les uns les autres.


De diverses sources

samedi 15 juin 2019

homélie du dimanche 16 juin fête de la sainte Trinité


 Le mystère de la Trinité : un seul Dieu en trois personnes.
Cela échappe à notre esprit mathématique
D’abord, comprenons bien ce qu’est un mystère. Dieu n’est pas une énigme à résoudre, une équation à solutionner ou encore un secret réservé à certains initiés. On ne fait pas le tour de la question de Dieu mais on y entre, ou on n’y entre pas. Car le mystère de Dieu n’est pas une question théorique et lointaine ; mais c’est la réalité la plus concrète, réalité dans laquelle nous sommes pris, que nous en soyons conscients ou non. Dieu est, avec ou sans nous.
Le mystère de Dieu n’est pas un sujet pour certains illuminés ou intellectuels : il est présence, il est la vérité la plus 
profonde qui vient éclairer en retour notre propre vie. Plus nous nous décidons à entrer dans le mystère de Dieu par notre intelligence et notre volonté, plus nous apprendrons à connaître qui nous sommes, d’où nous venons et où nous allons. Dieu se révèle à nous et nous fait comprendre ainsi le sens de notre existence : c’est en Lui que nous nous trouvons ; et sans Lui, notre vie est indéchiffrable. Le mystère trinitaire,
du Dieu unique en trois personnes est la vérité de foi, le repère dogmatique qui nous permet d’interpréter notre vécu de manière juste et de comprendre la profondeur de l’histoire humaine.
Cela est vrai de multiples manières, mais un lieu privilégié pour creuser cette affirmation est l’expérience de la famille, comme le Pape François l’a développé dans son exhortation apostolique La joie de l’amour (Amoris laetitia) : « Le Dieu Trinité est communion d’amour, et la famille est son reflet vivant. (…) ‘Notre Dieu, dans son mystère le plus intime, n’est pas une solitude, mais une famille, puisqu’il porte en lui-même la paternité, la filiation et l’essence de la famille qu’est l’amour. Cet amour, dans la famille divine, est l’Esprit-Saint’. La famille, en effet, n’est pas étrangère à l’essence divine même. » (AL 11) La famille est le reflet du Dieu Trinité : aussi plus vous approfondirez votre connaissance aimante du mystère de Dieu, plus vous comprendrez à quelle vie est appelée votre famille. Plus vous contemplez l’amour qui unit le Père et le Fils, mieux vous comprendrez la qualité de relation qui doit exister entre conjoints et entre parents et enfants. Plus vous approfondirez le mystère de la communion divine faite d’unité et de distinctions plus vous allez pressentir que la vie de famille est faite d’une juste autonomie des personnes et en même temps d’une nécessaire interdépendance. En Dieu, chaque Personne est distincte et unique et en même temps partage une seule nature divine dans une pleine communion d’amour.
Et cette communion d’amour nous est transmise. Dieu nous communique son mystère pour faire de nous des dieux, comme nous l’avons entendu dans le psaume qui s’étonne de la grandeur humaine : « Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur ; tu l’établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds. »
La Trinité Sainte n’est pas repliée sur elle-même dans une autarcie suffisante : elle s’ouvre et se donne à nous en nous créant et en nous sauvant, en nous donnant la vie à chaque instant. C’est ce que nous dit le Fils de Dieu, caché sous les traits de la sagesse divine dans la 1re lecture : « Je faisais ses délices jour après jour, jouant devant lui à tout moment, jouant dans l’univers, sur sa terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes. » Le Fils fait les délices du Père qui lui a tout donné et qui trouve sa joie en son Enfant bien-aimé.
Et le Fils trouve ses propres délices dans la compagnie des fils des hommes. La joie qu’il reçoit de son Père, le lien d’amour qui les unit et qui est l’Esprit Saint, il nous le donne.
Il nous donne part à son bonheur de fils pour que notre vie soit transformée par cet amour.
Saint Paul l’atteste : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.  » Par notre baptême et notre confirmation, nous avons reçu la plénitude de l’Esprit. Nous avons reçu en nous la source de l’amour qui nous permet d’aimer à notre tour comme Jésus nous a aimés. Et c’est seulement par cet amour que nous pouvons de plus en plus correspondre personnellement et ensemble à l’image du Dieu qui nous a créé : « C’est dans la famille humaine, réunie par le Christ, qu’est restituée ‘‘l’image et la ressemblance’’ de la Sainte Trinité, mystère d’où jaillit tout amour véritable. » (AL 71) Tel est le mystère de Dieu, non pas une énigme mais une source inépuisable d’amour pour celui qui est prêt à s’y abreuver avec humilité.
Dieu n’est pas calcul. Dieu est Amour. Il donne sans compter, sans calculer car que serait un amour calculateur ? En cette fête de la sainte Trinité, entrons donc dans la logique de l’amour. Retrouvons avec les mots de la Sagesse le sens du jeu : la Sagesse divine, le Fils de Dieu jouait devant son Père et dans l’univers, dans une pleine liberté d’amour. Aussi laissons tomber pour un temps nos nécessaires calculs afin de vivre cette fête ô combien gratuite de la Trinité : c’est je crois la seule célébration de l’année où nous pouvons fêter Dieu non d’abord pour ce qu’il nous donne, comme dans toutes les fêtes de notre salut, de Noël à Pâques,
mais pour ce qu’il est en lui-même. Entrons donc dans cette louange gratuite qui est la joie des saints et des anges. Préparons-nous à notre activité éternelle : vivre des délices de Dieu et célébrer ce bonheur partagé.
Frères et sœurs, que l’Esprit Saint nous saisisse en ce jour. Qu’il change nos cœurs et nous conduise par son souffle vers la vérité toute entière, sur les pas de Jésus et jusque dans les bras du Père qui nous aime. Amen
De diverses sources

samedi 8 juin 2019

homélie du 9 juin, Pentecôte

Prier, c’est laisser l’Esprit Saint nous faire dire à Dieu la prière même de Jésus : « Abba ! » 
Au jour de la Pentecôte, l’œuvre de l’Esprit est tout à la fois de faire parler les disciples à autrui et de donner à tous la capacité d’entendre le langage des disciples, chacun entendant l’annonce des merveilles de Dieu « dans son propre dialecte, sa langue maternelle ». Comprenez que dans les sacrements et à d’autres moments non déterminés par les hommes, l’Esprit de Dieu nous est donné par sa grâce, son esprit d’amour. L’Esprit de Dieu vient éclairer notre intelligence et notre connaissance pour que nous puissions nous  exprimer avec des mots, des attitudes et toutes nos facultés, exprimer ce que l’Esprit éveille en nous.
Pour les premiers disciples, au jour de la Pentecôte, s’accomplit la promesse faite par le Ressuscité : ils sont revêtus de la force d’en-haut pour pouvoir annoncer sans crainte ce qu’ils ont vu et entendu : le Christ est mort et ressuscité pour notre salut. L’œuvre de l’Esprit est tout à la fois de faire proclamer cette nouvelle – autrui n’étant plus pour moi une menace qui me glace de peur – et de faire entendre le langage de l’annonce – autrui n’étant plus un étranger au dialecte indéchiffrable aux coutumes étranges.
L’Esprit nous fait parler de Dieu à nos frères et sœurs, il nous fait aussi parler à Dieu lui-même. Parler à Dieu : comment pourrais-je apprendre ce langage s’il ne m’était enseigné d’en-haut ? Comment pourrai-je parler français si ma mère et mon père ne me l’avaient enseigné. Comment pourrai-je parler à Dieu si ce n’est Dieu lui-même qui vienne me l’enseigner. Comme nous l’a redit saint Paul dans sa lettre aux Romains : « Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions "Abba !", c’est-à-dire : Père ! C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ». Le langage que l’Esprit nous enseigne pour que nous nous adressions au Père n’est pas un langage extérieur ni une langue étrangère : c’est le langage même de Jésus.
Les disciples qui avaient vécu dans le compagnonnage de Jésus avaient été frappés par cette singularité de sa prière ; ils en ont gardé la mémoire et l’ont transmis aux premières communautés de croyants. Saint Paul, dans la lettre aux Romains, comme dans la lettre aux Galates, en témoigne. La singularité inouïe de la prière de Jésus, c’est qu’il appelle Dieu « Abba », « Père », ou plus exactement « Papa », parole qui dit tout à la fois l’intimité,
la confiance et la tendresse. Quand saint Paul écrit que, dans l’Esprit, nous disons à Dieu « Abba », il veut signifier que 
la prière même de Jésus devient notre prière, cette longue prière de Jésus au Père qui nous est rapportée dans l’Evangile de Jean, elle nous fait revêtir le manteau de Jésus, c’est pour cela que l’on met un vêtement blanc aux nouveaux baptisés.
En effet, « le Christ Notre Seigneur a élevé notre prière à la participation au mystère de sa propre prière, c’est-à-dire au mystère de son dialogue filial avec le Dieu vivant, notre Père ».  La prière chrétienne – qu’elle soit intérieure, vocale, solitaire, liturgique – est toujours cela : une participation à l’échange d’amour entre le Père et le Fils. Prier, c’est laisser l’Esprit Saint nous faire dire à Dieu la prière même de Jésus : « Abba ! » Cette prière de Jésus, ce ne sont pas que des mots prononcés à des moments déterminés, c’est un état de vie : sans cesse,
par ses paroles et par ses actes, par son regard sur le monde, sur les événements et sur les personnes, dans la jubilation et jusque dans son Agonie, Jésus dit à Dieu : « Abba ! Père ! »
Il nous appelle et nous entraîne à vivre ainsi nous aussi.
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure ». Garder la Parole de Jésus, c’est laisser l’Esprit Saint nous faire souvenir de tout ce que Jésus nous a dit,


La première des choses, c’est de se mettre en présence de Dieu, c’est bien ce que nous sommes venu faire aujourd’hui à l’église, et que cette présence de Dieu soit en nous,
 en mémorisant la Parole de Dieu et en recevant le corps du Christ à la communion.
Et la deuxième chose c’est de nous mettre en présence les uns des autres en écoutant ce qu’il a à nous dire et en lui disant ce que notre cœur a à lui dire, en agissant en conséquence dans l’amour de Dieu
À nous maintenant, déjà habités par l’Esprit Saint depuis le jour de notre baptême, de désirer qu’il poursuive et achève son œuvre en nous, dans nos communautés de vie, dans l’Église et dans le monde ! À nous de coopérer avec lui, animés par lui, afin que s’accomplisse en nous et à travers nous le mystère de Jésus, le mystère du salut promis à toute chair !

samedi 1 juin 2019

homélie du dimanche 2 juin 7ème dimanche de Paques

« Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. »
Vous avez bien-sûr remarqué que l’évangile de St Jean est différent des autres évangiles.
Il nous parle plus intérieurement, il nous fait entrer dans l’intimité de Jésus avec le Père.
Cela tien certainement à la présence de Marie auprès de St Jean l’évangéliste.
Vous savez bien que  juste avant sa mort sur la croix Jésus a dit à Marie en parlant de Jean, Femme voici ton fils, et il dit à Jean, voici ta mère,
et depuis ce moment là, Jean prit Marie chez lui.
Nous comprenons mieux maintenant pourquoi ce texte est intimiste,
Jean a écrit l’évangile certainement avec les bons conseils de Marie.
Marie dans sa discrétion est une bonne conseillère pour marcher avec son fils Jésus Christ, elle nous le fait mieux comprendre.

Dans cet évangile, de qui parle Jésus ? Il parle du monde ;
ce qu’il veut de toutes ses forces, c’est que le monde croie :
« Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. »
Un peu plus tard, il répète : « Qu’ils deviennent parfaitement UN  ;
afin que le monde sache que tu m’as envoyé ».
Et pourquoi est-il si important que le monde reconnaisse en Jésus l’envoyé du Père ?
Parce que c’est la plus belle preuve d’amour que Dieu peut donner au monde : « le monde saura que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » Saint Jean rapportera aussi cette parole de Jésus à Nicodème : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle. » 

A relire ces lignes, on est frappés de l’insistance de Jésus sur les mots amour et unité ;
une fois de plus, il faut reconnaître que l’histoire de Dieu avec les hommes est une grande aventure, une histoire d’amour. Dieu est Amour,
il aime les hommes, et il envoie son Fils pour le leur dire de vive voix !
C’est bien ce que Jésus dira quelques heures plus tard à Pilate,
au cours de son interrogatoire : « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. » (Jn 18, 37)

Au moment de s’en aller, de passer de ce monde à son Père, comme dit Jean, Jésus transmet le témoin à ses disciples, et à travers eux à tous les disciples de tous les temps :
« Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui grâce à leur parole, croiront en moi. »
Désormais, c’est à eux que le témoignage est confié ; Jésus l’a dit quelques instants auparavant : « Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les envoie dans le monde. »
 (Jn 17, 18). Il le leur redira le soir de Pâques :
« Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie. » (Jn 20, 21).
A la suite de Jésus-Christ, tout chrétien peut dire ou devrait pouvoir dire :
« Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. »
Cette vérité qui est l’amour sans limites de Dieu pour l’humanité.


Mais, voilà, il y a quand même une chose étrange dans tout cela : on peut se demander en quoi ce message est-il si dérangeant que Jésus l’ait payé de sa vie, comme de nombreux prophètes avant lui et ses apôtres ensuite,
St Etienne dont nous parle la première lecture. Jésus nous en parle ; il dit :
« Père juste, le monde ne t’a pas connu. » Pour lui, l’explication est là,
c’est le drame de la méconnaissance.
C’est bien ce que Saint Jean dit dans le prologue de son évangile :
« Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu.
Il est venu dans son propre bien et les siens ne l’ont pas accueilli. »
 C’est le gros problème encore aujourd’hui, faire connaître l’histoire véritable de Jésus Christ, faire connaître l’Evangile. Il ne suffit pas de distribuer des livres, ou faire un cite sur Internet pour faire connaître l’Evangile,
il faut des témoins qui se charge de la vivre et de l’écrire sur des cœurs de chair, des cœurs qui aiment l’humanité.

Comme Jésus, les disciples vivront ce déchirement, ce drame du refus par ceux à qui ils annonceront pourtant la meilleure nouvelle qui soit.
Le monde est l’objet de l’amour de Dieu et de ses prophètes mais aussi et en même temps le lieu du refus de cet amour. Jésus a exprimé ce drame à plusieurs reprises : d’une part,
 « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils,
son unique... Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (3, 16...17 ; 12, 47).
D’autre part, « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï le premier... prenez courage,
j’ai vaincu le monde ! » (15, 18 ; 16, 33).

C’est sur ce cri de victoire qu’il nous faut rester : nous savons que le chant d’amour de Dieu pour l’humanité finira bien par être entendu.
A l’instant même où Jésus fait cette grande prière, où il se confie ainsi à son Père devant ses disciples, il sait bien qu’il est déjà exaucé ; lui qui a dit :
« Père, je sais bien que tu m’exauces toujours. » (Jn 11, 42).
C’est seulement pour hâter le jour qu’il insiste tant sur la consigne d’unité qu’il donne à ses envoyés : « Qu’ils soient un en nous eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ».

Avec l’aide de la Vierge Marie, soyons les témoins qui font connaître l’amour de Dieu dans le monde d’aujourd’hui.
De diverses sources

homélie de l'Ascension de notre Seigneur Jésus Christ

Nous célébrons aujourd’hui le mystère de l’ascension. En tant que mystère, on le célèbre chaque année sans jamais finir de le comprendre. C’est même pour cela qu’il mérite le nom de mystère. L’évangéliste Luc lui-même ne décrit pas ce mystère avec les mêmes précisions. Dans la première lecture il nous présente des disciples qui certainement frappés d’étonnement devant l’événement restaient les yeux fixés au Ciel. Alors que dans l’Evangile, le même Luc, en racontant l’évènement, met cette fois-ci l’accent sur la joie qui déborde du cœur des disciples pendant que le maître monte au ciel. Luc se contredit il ?
Certainement pas. En réalité, les mots sont toujours limités quant il faut parler de sa propre personne et plus encore quand il faut parler de l’Homme-Dieu. Le souci de Luc, est de mettre l’accent sur deux attitudes qui caractérisent les disciples face à ce mystère :
l’étonnement et la Joie.
En effet, comment ne pas être dans l’étonnement quand il nous est donné de vivre un évènement aussi inouï ? Par ailleurs, comment ne pas se laisser envahir par la joie divine quant au moment où le Christ monte au ciel, trois promesses sont fait aux disciples et par ricochet à toute l’humanité ? Le vide qu’aurait pu ressentir les disciples est ici comblé par l’annonce de trois promesses qui rendent leur joie parfaite à l’image de la joie divine.
Ces trois promesses nous sont clairement livrées par les différentes lectures de ce jour :
il s’agit de la promesse de l’envoi de l’Esprit,
de la promesse du retour du Christ
et de la promesse d’une ascension de l’homme dans le sanctuaire divin.
Comment ne pas se réjouir face à ces trois promesses qui ensemble apparaissent comme une vérité inédite dans l’histoire des religions ?
La promesse de l’envoi de l’Esprit avait été promise déjà dans l’ancien testament.
Moïse à son époque, fatigué par les récriminations de son peuple, priait déjà pour que tous les fils d’Israël soit un peuple de prophètes, c’est-à-dire animés de l’Esprit de Dieu.
Le prophète Joël, assume la prière de Moïse et en fait une prophétie : « Je répandrai mon esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, Et vos jeunes gens des visions (Jl 2, 28) ». Dans le mystère de l’ascension de Jésus,
la prophétie de Joël devient une promesse. C’est tout le peuple de Dieu mort et ressuscité avec le Christ qui deviendra un peuple de prophètes, de témoins habités de l’Esprit de Dieu.

La deuxième promesse concerne le retour du Christ : « Jésus qui a été enlevé au milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel ».
Cette promesse nous révèle une vérité fondamentale de notre foi : l’ascension du Christ n’est pas une évaporation. Christ reviendra. Son départ sonne déjà l’annonce de son retour.
Aussi faut-il noter que le temps qui sépare son ascension de son retour n’est pas un temps de vacances, Jésus n’est pas parti en vacances.  De même que sur terre, il a œuvré pour les choses d’en haut, de même à la droite de Dieu, il reste actif sur terre. La promesse de l’Esprit s’inscrit donc dans le cadre d’une continuité de l’œuvre d’amour du Christ.
L’ascension, comme l’incarnation, devient à ce titre le lieu de la réconciliation du ciel et de la terre. Dieu s’est encore penché vers l’homme et jamais ils ne se sépareront. « Une femme oublie-t-elle son nourrisson ? N’a-t-elle pas compassion du fils qui est sorti de son ventre ? Quand elle l’oublierait, moi je ne t’oublierais pas. Car voici, je t’ai gravée sur mes mains (Is 49, 15-16) ».

La deuxième promesse contient en elle-même la troisième promesse : celle de l’élévation de l’homme dans le sanctuaire divin. Ce qui frappe dans ces récits de l’ascension c’est que les disciples ne voient pas monter un fantôme ou un esprit, mais c’est Jésus, Jésus dans son humanité qui monte dans le Saint des saints éternel. La conclusion s’impose : en réconciliant le ciel et la terre, c’est l’humanité qui est introduite de façon glorieuse dans l’amour divin.
L’unité de ces trois promesses de l’ascension, réside dans le fait même que chez Dieu la promesse n’a pas qu’une dimension eschatologique (qui concerne la fin des temps), elle se réalise aussi dans l’aujourd’hui de notre monde. Dans l’acte même de l’ascension, il ne s’agit plus d’avoir les yeux seulement fixés au ciel ou seulement fixés sur la terre, mais à se rendre compte que par les trois promesses faites, le Christ comme le dit Saint Augustin, nous invite à travailler « sur la terre de telle sorte que par la foi, l’espérance et la charité grâce auxquels nous nous relions déjà à lui, nous soyons  déjà en communion avec lui, dans le ciel ».
Vivre sur la terre comme au ciel c’est donc se rendre compte que l’Esprit agit déjà dans nos vies ; c’est se rendre compte que la promesse du retour du Christ se réalise déjà dans les rencontres que nous faisons, dans les sacrements et dans le pardon que nous témoignons les uns envers les autres. Vivre sur la terre comme au ciel, c’est finalement se rendre compte que la sainteté est déjà parmi nous.

Laissons-nous donc sanctifié par l’Esprit Saint qui nous est envoyé.

De diverses sources