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samedi 30 novembre 2019

homélie du 1er dimanche de l'avent à la messe de secteur à Lectoure


En ce début d’année liturgique vous avez choisi de commencer par une messe de secteur, quelle bonne idée et quel défit ; vous ne vous en doutez pas mais c’est une première ;
c’est la première fois que tous les prêtres, curés et vicaires du secteur ne soient pas originaire du diocèse.
Le père Gabriel Ekani Curé de Fleurance et Mauvezin avec le père Augustin Essomba sont religieux Pallottin originaires du Cameroun,
Le Père Charles Sawadogo curé de Lectoure et St Clar est prêtre Fidéi donum du Burkina Faso
Et le père Bernard Calesse, religieux de la congrégation des pères de Garaison est originaire du nord de la France, aucun n’est incardiné dans notre diocèse.
Et trois autres prêtres à la retraite gardent la mémoire des prêtres de notre diocèse
Abbé Labia, abbé Pujol, abbé Lapinski
C’est une première, une ouverture sans pareille qui vous est demandée aux uns et aux autres. Vous êtes là et vous osez l’aventure avec eux, guidé non par des Gascons mais par des prêtres qui ne sont pas de vielle souche locale comme j’entends si souvent, je me permet de le dire car ma famille est une vieille souche de la Lomagne autant par ma mère que par mon père.
Nous avons été baptisés et depuis que nous sommes baptisés nous somme de la souche de Jésus Christ, voilà notre vieille souche catholique. Catholicus terme grec signifie catholique, universel, et dérive d'un mot indiquant compréhension et d'un autre signifiant tout. Nous sommes de l’Eglise Universelle. Alors que nous chrétiens gersois nous nous lamentons de ne pas avoir assez de vocations depuis plusieurs décennies et d’être obligé de faire appel à des prêtres venant d’autres continents. Si nous avions eu de nombreuses vocations dans notre Gascogne chérie, nous n’aurions pas fait appel à vous chers pères venus vous geler dans notre pays glacial dont la foi est engourdie. Et si c’était un plan de Dieu d’avoir peu de vocations locales pour faire appel à des cultures différentes, il y a quelques vocations,
mais souvent ils partent ailleurs. Dieu ne voudrais-t-il pas une Eglise Universelle ?
Ce samedi le père Christian Delarbre nous a prêché une retraite « Fraternité des prêtres et des diacres pour la mission ». Nous sommes effectivement frères et sœurs. Seulement il faut différencier la fraternité universelle de la fraternité baptismale. La fraternité universelle est en quelque sorte biologique. Mais la fraternité baptismale est de l’ordre spirituel, car si nous avons été baptisés en Jésus Christ, c’est pour renaître d’une vie nouvelle celle en Jésus Christ, renaître dans l’Esprit Saint pour la vie éternelle. C’est cette fraternité qui nous rapproche et qui vient nous faire témoigner de l’Esprit de Dieu qui habite en nous pour la vie éternelle. Nous sommes frères pour l’éternité. Dans notre vie biologique, nous sommes frères pour le temps où nous sommes vivants dans ce monde.
Mais Jésus Christ par sa résurrection et le don de l’Esprit Saint fait de nous des fils d’un même Père pour la vie éternelle.
Une autre fraternité a été évoquée par le Père Christian Delarbre, c’est la fraternité sacerdotale. Le ministère ordonné fait de nous des prêtres pour un presbytérium, nous ne sommes pas prêtres tout seuls. La messe que nous célébrons, que nous concélébrons est une même messe qui est célébrée un peu partout dans le monde, nous célébrons un même sacrifice, le sacrifice de Jésus Christ ; il n’y a pas 36 mille Jésus Christ, il n’y en a qu’un,
qui est célébrer aujourd’hui dimanche, d’où l’importance de notre unité et de notre fraternité, Jésus a envoyé les disciples deux par deux, non pas pour qu’ils se disputent, mais pour qu’ils soient témoins de la charité qui est un don de Dieu. La fraternité à une portée missionnaire. Nous commençons une année nouvelle, avec le temps de l’avent qui nous prépare à fêter à Noel et à recevoir Jésus, sa venue dans notre monde.
Que ce temps de l’avent soit pour vous un temps d’accueil de l’autre, du frère ou de la sœur  différent, il est vrai que nous sommes tous différents, même dans une même famille. Cette année, soyez attentifs à vos prêtres qui viennent d’un autre continent ou d’un pays étranger à la Lomagne, pour les aider à mieux vous comprendre et à vous conduire sur le chemin de Jésus Christ afin que vous soyez témoins de la charité fraternelle qui vous habite.


Abbé Marc Derrey

dimanche 24 novembre 2019

homélie de la fête du Christ Roi

La fête du Christ-Roi prend naissance dans un contexte où l’Église est dévalorisée, dépossédée de ses biens au XIXe siècle, et où, au début du XXe siècle, un laïcisme intolérant fait fureur. Elle se présente alors comme une affirmation que cette institution qu’est l’Église, malmenée dans la société, repose sur une base qui la dépasse et qui la rend solide malgré les apparences : son fondateur et maître, le Christ Jésus.

C’est dans ce contexte que l’image de la royauté est de plus en plus utilisée.
Le pape Pie XI va favoriser cette dévotion que déjà le pape Léon XIII avait encouragée et il instituera la fête liturgique du Christ Roi en 1925. Le fameux chant « Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat » (le Christ est vainqueur, le Christ règne, le Christ commande) devient le chant de ralliement pour des milliers de catholiques dans toutes les régions du monde. Jusqu’à il y a quelques années, il était encore le signal de Radio Vatican.


L’image de la royauté qu’on a ainsi utilisée a eu certes des tonalités très rébarbatives à des esprits imprégnés de démocratie et d’égalité. On s’en tenait à l’image des souverains temporels et quelques fois tirants hélas! Mais comme le montre la première lecture, la royauté dans la Bible est un don de Dieu qui est loin de l’image des souverains habituels.
Le roi est un « consacré ». Il a reçu une « onction ».


On le voit bien dans cette lecture tirée du deuxième livre de Samuel, où David reçoit la consécration, l’onction, qui le fait roi, l’élu et le dépositaire de la grâce de Dieu pour guider et conduire son peuple. Cette grâce est destinée à le rendre attentif aux besoins de son peuple, à le soutenir et à le rapprocher sans cesse de son Dieu. David hélas! manquera à cette mission plusieurs fois, mais il sera toujours l’Élu, celui qui a reçu l’onction et qui est dans la main de Dieu.

Ainsi de Jésus qui est Celui que le Père a engendré pour porter la Bonne nouvelle et qui se reconnaît comme Celui qui est l’Élu de Dieu, Consacré et Oint, pour porter la Bonne nouvelle comme le décrit si bien le livre d’Isaïe dans la synagogue de Capharnaüm :             « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction.
Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération,
et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur ». (Luc 4, 18-19)


On ne peut parler de royauté du Christ sans mettre en avant cette onction qui le fait Prêtre, Prophète et Roi et à laquelle tous les baptisés participent comme nous l’a enseigné le Concile Vatican II, ce que le Catéchisme de l’Église catholique reprend lorsqu'il dit : « Jésus-Christ est celui que le Père a oint de l’Esprit Saint et qu’il a constitué ‘Prêtre, Prophète et Roi’.
Le Peuple de Dieu tout entier participe à ces trois fonctions du Christ et il porte les responsabilités de mission et de service qui en découlent » (numéro 783).


On le voit la royauté de Jésus ne nous amène pas sur le terrain de la puissance, du pouvoir et de l’exploitation, mais elle nous tourne vers celui de qui vient toute puissance, toute gloire et toute majesté. : Dieu le Père qui envoie son Fils pour nous sauver et nous amener vers lui.

On en trouve une belle illustration dans l'évangile de ce dimanche qui rapporte la fameuse scène des larrons sur le Calvaire avec Jésus où le bon larron supplie Jésus en lui disant :       « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume ». La réponse de Jésus vous est connue : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». Dans cette réponse au bon larron, Jésus manifeste la proximité de Dieu avec toutes les personnes quelles qu’elles soient : « Aujourd’hui, tu seras avec moi » dit-il à chacun et à chacune de nous, il ne dit pas « oui oui, on va te trouver une petite place,
même si tu n’as pas été très bon. Non, tu seras avec moi, dans le paradis.


Le Christ Roi ne siège pas sur un trône qui le sépare de ses frères et sœurs. Au contraire, parce qu’il est l’Élu de Dieu, il les rend participants et participantes avec Lui pour devenir comme Lui par le baptême prêtres, prophètes et rois par participation.

Ainsi, saint Pierre, dans sa première Lettre qui nous a été conservée, peut dire à la communauté chrétienne à laquelle il écrit : « Vous êtes une descendance choisie,
un sacerdoce royal» (I Pierre 2, 9). Citons encore ici le Catéchisme de l’Église catholique qui explicite très bien cette affirmation de la Lettre de saint Pierre lorsqu’il écrit « Le Peuple de Dieu participe enfin à la fonction royale du Christ. Le Christ exerce sa royauté en attirant à soi tous les hommes par sa mort et sa Résurrection. Le Christ, Roi et Seigneur de l’univers, s’est fait le serviteur de tous, n’étant ‘pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour la multitude ‘ (Mathieu 20, 28). Pour le chrétien, ‘régner, c’est le servir ' particulièrement dans les pauvres et les souffrants, dans lesquels l’Église reconnaît l’image de son Fondateur pauvre et souffrant' . Le Peuple de Dieu réalise sa 'dignité royale' en vivant conformément à cette vocation de servir avec le Christ. » (numéro 786).


Que cette fête qui termine l’Année liturgique nous ancre dans notre vocation de prêtres, prophètes et rois au service de l’humanité comme le fut notre Maître et Seigneur élu et choisi par Dieu pour manifester au monde son amour, sa bienveillance et sa miséricorde.

Placés par le baptême « dans le Royaume de son Fils bien-aimé », comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture, nous jouissons déjà d’une intimité avec lui « Tête du Corps et        « Tête de l’Église » par laquelle nous sommes unis les uns avec les autres pour servir nos frères et soeurs à l'image du Roi-Serviteur qu'est le Christ Roi.


De diverses sources

samedi 16 novembre 2019

homélie du 17 novembre

Aujourd’hui avec les catéchumènes nous sommes invités à contempler les grâces et merveilles reçues dans notre vie.
Je reconnaît que les textes de la liturgie d’aujourd’hui ne sont pas très adaptés, comme merveilles, on nous parle de la fin des temps avec des catastrophes et des guerres :
tout le contraire de ce que nous pouvons imaginer de merveilleux
Le prophète Malachie témoigne dans la première lecture de la tradition juive du style apocalyptique. Notre culture contemporaine est encore marquée par cette crainte apocalyptique. Mais il y a une différence radicale entre l’espérance de la fin des temps née de notre foi et la crainte d’une fin du monde. En effet, le croyant attend le dévoilement final du sens ultime de l’histoire, ce qui fait naître en lui une dynamique pour sa vie et non une peur de destruction totale.
Car ce qui sera destructeur pour les réalités mondaines sera tout au contraire un achèvement pour ce qui a été bâti sur la foi et l’amour. Comme le dit le prophète Malachie, le jour du Seigneur sera une fournaise pour l’impiété, mais pour les fidèles, ce sera un soleil de justice. La fin de ce monde n’est pas son anéantissement, sa destruction totale, mais une nouvelle création, et l’achèvement par le Seigneur lui-même de tous nos efforts pour répondre à la parole de Dieu.
C’est pourquoi Saint-Paul dans la deuxième épître aux Thessaloniciens nous invite à continuer à travailler dans l’attente de la venue en gloire du Seigneur, même si nous savons que ce monde est temporaire et que nos efforts seront toujours limités et imparfaits. Car ce qui sera vide de foi et d’amour sera détruit à la fin des temps, mais ce qui aura été germe de foi et d’amour sera achevé par la grâce de Dieu, et en premier lieu nos propres personnes, nos propres vies. Nos existences et le monde se trouvent donc placer aujourd’hui dans une dynamique historique : du provisoire construit par nos mains vers l’achèvement réalisé par le Seigneur lui-même. Et ce sont ces réalisations provisoires, nos efforts et nos existences dans leur imperfection qui constituent le socle et les matériaux de la construction définitive.
C’est pourquoi nous ne pouvons abandonner nos efforts ni baisser les bras.
Notre engagement de chaque jour en réponse à la parole de Dieu, ce que nous essayons de construire par notre vie, tous ces efforts sont nécessaires aujourd’hui, même s’ils ne dureront pas toujours et que nous avons conscience qu’en définitive ils seront marqués par l’imperfection, et même un certain échec. Mais en ce qu’ils expriment notre foi en Dieu, notre amour du prochain et du Seigneur lui-même, ils sont porteurs d’éternité.
Il en a été ainsi du Temple de Jérusalem comme le rappelle Jésus dans l’Évangile de ce jour, il en sera de même pour nos cathédrales et nos églises. Ces bâtiments de pierre comme ce que nous avons construit dans nos vies, tout sera transformé en demeure spirituelle,
dans les cieux, à partir de l’amour qui les aura habités ici-bas.
Nous comprenons donc que l’histoire humaine n’est pas destinée à la destruction,
à l’anéantissement, et alors nos efforts seraient totalement inutiles, mais que notre histoire est orientée vers la venue en gloire du Seigneur. Et nous devons construire dans nos vies,
ce qui tiendra sous le regard de Dieu, notre demeure éternelle, nous commençons à la construire dès ici-bas avec les pauvres matériaux de notre vie.
Cette tension entre le provisoire de nos vies actuelles et l’attente de l’achèvement de la création, nous la célébrons en chaque eucharistie dans les réalités humbles et pauvres du pain et du vin par lesquelles est actualisé le mystère pascal. Nous en sommes témoins, non pas en donnant des explications hautement intellectuelles, mais en nous laissant transformer,
habité par l’Esprit Saint, nourris par la Parole de Dieu et l’eucharistie, pour être des membres vivants et agissants d’un même corps qu’est l’Eglise, corps du Christ. Chacun avec notre charisme, nos particularités, qualités et défauts. Nos défauts, nos péchés, seraient-ils une tare ? Je pense qu’ils sont une chance pour que l’amour miséricordieux de Dieu puisse s’exprimer. Mais enfin, que ces paroles ne vous encouragent pas à vous créer des défauts pour que l’amour de Dieu puisse se manifester. Nous en avons bien assez comme ça ; enfin, je parle pour moi.
Ce qui est important, c’est que nous nous sachions aimés du Seigneur et que nous acceptions d’êtres embrasés par l’amour de Dieu pour réchauffer ceux qui sont autour de nous.


de diverses sources

samedi 9 novembre 2019

homélie du 10 novembre

La résurrection est au cœur de la foi chrétienne, pourtant aujourd’hui, comme au temps de Jésus, croire à la résurrection des morts n’est pas forcément une évidence. Cette résurrection est le cœur de la foi chrétienne, c’est elle qui nous rassemble aujourd’hui. La résurrection de Jésus est le fondement de notre espérance face à la réalité universelle de la mort. Cette réalité de la fin de notre vie terrestre a été au cours des âges le point de départ de nombreuses réflexions philosophiques et religieuses. De la réponse que l’on donne au sens de la mort, on déterminera aussi le sens de la vie. Généralement à la question de savoir ce qui se passe sur l’autre rivage de la mort, trois réponses nous sont données : les incroyants ou les agnostiques répondent rien, ou nous n’en savons rien ; la sagesse orientale répond à cette question par la théorie de la réincarnation qui ces dernières années s’est répandue dans le monde occidental ; enfin les chrétiens répondent que nous sommes appelés à ressusciter.
Dans l’évangile de ce jour, on nous présente un groupe particulier de juifs : les sadducéens refusent de croire que les morts ressuscitent. Par contre les pharisiens, que nous connaissons mieux, suivis en cela par la majorité des juifs, enseignaient la foi en la résurrection. Jésus est donc sollicité pour prendre position au cœur d’un débat assez passionné. Où les interlocuteur de Jésus s’appuient sur une coutume appelée le mariage du lévirat, c’est-à-dire le beau-frère non marié est obligé d’épouser sa belle-sœur veuve, si son frère ne lui a pas donné de garçon. Les fils de cette deuxième union étaient considérés comme les fils du premier mari défunt. Les raisons de cette pratique étaient avant tout économiques et sociales : il s’agissait de trouver un héritier qui puisse porter la responsabilité du patrimoine familial laissé par le défunt. La réponse de Jésus souligne l’étroitesse de vue de ses interlocuteurs qui imaginent l’au-delà sur un mode un peu trop terrestre,
Mais ces gens-là réduisent la vie éternelle à un simple prolongement de la vie terrestre.
Une telle interprétation signifie à la fois méconnaître les Écritures et la puissance de Dieu. Jésus commence par démontrer que les sadducéens méconnaissent les Écritures,
car contrairement à ce qu’ils prétendent, celles-ci annoncent la résurrection, y compris dans les cinq premiers livres de la Bible, soit dit en passant, les seuls qu’ils reconnaissent.
Jésus cite en effet le célèbre passage du Buisson Ardent au livre de l’Exode (Ex 3) :
« Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants » ce qui implique que le Seigneur
« ne peut abandonner son ami à la mort, ni lui laisser voir la corruption » (Ps 16).
Les sadducéens méconnaissent également la puissance de Dieu, puisqu’ils ne semblent pas croire que Dieu peut réaliser une telle œuvre.
La leçon vaut aussi pour nous et nous interroge sur la manière dont nous lisons la Bible : l’interprétons-nous sur l’horizon de nos conceptions humaines de la vie et de la mort,
ou nous laissons-nous « guider vers la vérité tout entière » (Jn 16, 13) en communauté par l’Esprit saint qui nous interprète les Écritures ? La foi en notre participation à la résurrection du Christ se fonde sur sa Parole, confirmée par le Père et attestée par l’Esprit.
L’objet de notre espérance n’est pas une simple survie, une prolongation de notre vie quelque peu transformée, mais une action divine déconcertante, apparentée à une nouvelle création, qui réalisera pour nous « ce que personne n’avait vu de ses yeux, ni entendu de ses oreilles, ce que le cœur de l’homme n’avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu » (1 Co 2, 9). Ce sera nouveau, notre condition temporelle et mortelle ne peut imaginer ce que nous serons et vivrons, « tendons vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre. Quand paraîtra le Christ notre vie, alors nous aussi, nous paraîtrons avec lui en pleine gloire » (Col 3, 1-4).
Croire en la résurrection, ce n’est pas seulement parler de l’au-delà, c’est aussi donné du sens à la vie terrestre, car c’est dire l’importance, la valeur de chaque personne humaine en comparaison avec la réincarnation. Chaque personne participera à l’amour éternel de Dieu, et ainsi réaliser sa capacité d’aimer et d’être aimé, avec tout son être, corps, âme et esprit. L’unicité de la vie humaine dit clairement son sérieux, son importance. Unicité de la vie qui ne peut se répéter, unicité de la personne où l’âme et le corps sont liés. Ma vie terrestre actuelle est le seul chemin vers l’éternité, comme elle est le lieu unique où je peux réaliser ma capacité d’aimer. Dire que ma vie ne se répétera pas, c’est prendre au sérieux ma liberté et ma responsabilité, c’est affirmer l’importance des choix que je pose aujourd’hui. Ma vie actuelle est le lieu où je peux réussir ma vie, et où je me prépare à accueillir l’amour éternel. Ma personne et ma vie sont précieuses car elles sont uniques.
D’autre part, croire à la résurrection de ma personne unique, c’est croire aussi que l’amour de Dieu est plus fondamental que ma capacité personnelle à réussir ma vie par mes propres forces. En effet, si dans ma vie unique, j’ai à poser des choix pour accueillir l’amour de Dieu, à en témoigner par ma manière d’agir, et de ce fait, ma participation à la vie éternelle dépend moins de mes mérites que de l’amour de Dieu pour moi. Ma participation à la vie éternelle ne sera pas la récompense de mes efforts, mais un don gratuit de celui dont j’accueille l’amour. Croire à la résurrection, c’est donc croire à la valeur unique de ma personne, mon corps n’est pas une simple enveloppe, et ma vie n’est pas purs aléas que je pourrais reprendre à l’avenir, ma vie est unique. La résurrection dit donc l’unicité et l’importance de chaque vie humaine, mais la résurrection affirme aussi la primauté de l’amour gratuit de Dieu pour chacun de nous par rapport à notre capacité personnelle à construire notre salut, notre bonheur, par nos seules forces. C’est pourquoi tous les pauvres, quelle que soit leur pauvreté, pourront participer à l’amour de Dieu.
Je voudrais terminer par ces quelques phrases de Sainte Elisabeth de la Trinité que nous venons de fêter ce vendredi et qu’elle a prononcée à la fin de sa vie sur cette terre,:
 « Le Christ Seigneur, grand prêtre d’entre les hommes a fait du peuple nouveau "un royaume, des prêtres pour son Dieu et Père". Les baptisés, en effet, par la régénération et l’onction du Saint-Esprit, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint, pour offrir, par toutes les activités du chrétien, autant de sacrifices spirituels, et proclamer les merveilles de celui qui des ténèbres les a appelés à son admirable lumière. C’est pourquoi tous les disciples du Christ, persévérant dans la prière et la louange de Dieu, doivent s’offrir en victimes vivantes, saintes, agréables à Dieu, porter témoignage du Christ sur toute la surface de la terre, et rendre raison, sur toute requête, de l’espérance qui est en eux d’une vie éternelle. » (LG 10) Oui, riche du témoignage vécu par notre sœur Élisabeth de la Trinité, offrons-nous maintenant avec le Christ pour la gloire de Dieu et le salut du monde, dans l’Espérance de la résurrection bienheureuse.  


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