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samedi 9 novembre 2019

homélie du 10 novembre

La résurrection est au cœur de la foi chrétienne, pourtant aujourd’hui, comme au temps de Jésus, croire à la résurrection des morts n’est pas forcément une évidence. Cette résurrection est le cœur de la foi chrétienne, c’est elle qui nous rassemble aujourd’hui. La résurrection de Jésus est le fondement de notre espérance face à la réalité universelle de la mort. Cette réalité de la fin de notre vie terrestre a été au cours des âges le point de départ de nombreuses réflexions philosophiques et religieuses. De la réponse que l’on donne au sens de la mort, on déterminera aussi le sens de la vie. Généralement à la question de savoir ce qui se passe sur l’autre rivage de la mort, trois réponses nous sont données : les incroyants ou les agnostiques répondent rien, ou nous n’en savons rien ; la sagesse orientale répond à cette question par la théorie de la réincarnation qui ces dernières années s’est répandue dans le monde occidental ; enfin les chrétiens répondent que nous sommes appelés à ressusciter.
Dans l’évangile de ce jour, on nous présente un groupe particulier de juifs : les sadducéens refusent de croire que les morts ressuscitent. Par contre les pharisiens, que nous connaissons mieux, suivis en cela par la majorité des juifs, enseignaient la foi en la résurrection. Jésus est donc sollicité pour prendre position au cœur d’un débat assez passionné. Où les interlocuteur de Jésus s’appuient sur une coutume appelée le mariage du lévirat, c’est-à-dire le beau-frère non marié est obligé d’épouser sa belle-sœur veuve, si son frère ne lui a pas donné de garçon. Les fils de cette deuxième union étaient considérés comme les fils du premier mari défunt. Les raisons de cette pratique étaient avant tout économiques et sociales : il s’agissait de trouver un héritier qui puisse porter la responsabilité du patrimoine familial laissé par le défunt. La réponse de Jésus souligne l’étroitesse de vue de ses interlocuteurs qui imaginent l’au-delà sur un mode un peu trop terrestre,
Mais ces gens-là réduisent la vie éternelle à un simple prolongement de la vie terrestre.
Une telle interprétation signifie à la fois méconnaître les Écritures et la puissance de Dieu. Jésus commence par démontrer que les sadducéens méconnaissent les Écritures,
car contrairement à ce qu’ils prétendent, celles-ci annoncent la résurrection, y compris dans les cinq premiers livres de la Bible, soit dit en passant, les seuls qu’ils reconnaissent.
Jésus cite en effet le célèbre passage du Buisson Ardent au livre de l’Exode (Ex 3) :
« Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants » ce qui implique que le Seigneur
« ne peut abandonner son ami à la mort, ni lui laisser voir la corruption » (Ps 16).
Les sadducéens méconnaissent également la puissance de Dieu, puisqu’ils ne semblent pas croire que Dieu peut réaliser une telle œuvre.
La leçon vaut aussi pour nous et nous interroge sur la manière dont nous lisons la Bible : l’interprétons-nous sur l’horizon de nos conceptions humaines de la vie et de la mort,
ou nous laissons-nous « guider vers la vérité tout entière » (Jn 16, 13) en communauté par l’Esprit saint qui nous interprète les Écritures ? La foi en notre participation à la résurrection du Christ se fonde sur sa Parole, confirmée par le Père et attestée par l’Esprit.
L’objet de notre espérance n’est pas une simple survie, une prolongation de notre vie quelque peu transformée, mais une action divine déconcertante, apparentée à une nouvelle création, qui réalisera pour nous « ce que personne n’avait vu de ses yeux, ni entendu de ses oreilles, ce que le cœur de l’homme n’avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu » (1 Co 2, 9). Ce sera nouveau, notre condition temporelle et mortelle ne peut imaginer ce que nous serons et vivrons, « tendons vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre. Quand paraîtra le Christ notre vie, alors nous aussi, nous paraîtrons avec lui en pleine gloire » (Col 3, 1-4).
Croire en la résurrection, ce n’est pas seulement parler de l’au-delà, c’est aussi donné du sens à la vie terrestre, car c’est dire l’importance, la valeur de chaque personne humaine en comparaison avec la réincarnation. Chaque personne participera à l’amour éternel de Dieu, et ainsi réaliser sa capacité d’aimer et d’être aimé, avec tout son être, corps, âme et esprit. L’unicité de la vie humaine dit clairement son sérieux, son importance. Unicité de la vie qui ne peut se répéter, unicité de la personne où l’âme et le corps sont liés. Ma vie terrestre actuelle est le seul chemin vers l’éternité, comme elle est le lieu unique où je peux réaliser ma capacité d’aimer. Dire que ma vie ne se répétera pas, c’est prendre au sérieux ma liberté et ma responsabilité, c’est affirmer l’importance des choix que je pose aujourd’hui. Ma vie actuelle est le lieu où je peux réussir ma vie, et où je me prépare à accueillir l’amour éternel. Ma personne et ma vie sont précieuses car elles sont uniques.
D’autre part, croire à la résurrection de ma personne unique, c’est croire aussi que l’amour de Dieu est plus fondamental que ma capacité personnelle à réussir ma vie par mes propres forces. En effet, si dans ma vie unique, j’ai à poser des choix pour accueillir l’amour de Dieu, à en témoigner par ma manière d’agir, et de ce fait, ma participation à la vie éternelle dépend moins de mes mérites que de l’amour de Dieu pour moi. Ma participation à la vie éternelle ne sera pas la récompense de mes efforts, mais un don gratuit de celui dont j’accueille l’amour. Croire à la résurrection, c’est donc croire à la valeur unique de ma personne, mon corps n’est pas une simple enveloppe, et ma vie n’est pas purs aléas que je pourrais reprendre à l’avenir, ma vie est unique. La résurrection dit donc l’unicité et l’importance de chaque vie humaine, mais la résurrection affirme aussi la primauté de l’amour gratuit de Dieu pour chacun de nous par rapport à notre capacité personnelle à construire notre salut, notre bonheur, par nos seules forces. C’est pourquoi tous les pauvres, quelle que soit leur pauvreté, pourront participer à l’amour de Dieu.
Je voudrais terminer par ces quelques phrases de Sainte Elisabeth de la Trinité que nous venons de fêter ce vendredi et qu’elle a prononcée à la fin de sa vie sur cette terre,:
 « Le Christ Seigneur, grand prêtre d’entre les hommes a fait du peuple nouveau "un royaume, des prêtres pour son Dieu et Père". Les baptisés, en effet, par la régénération et l’onction du Saint-Esprit, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint, pour offrir, par toutes les activités du chrétien, autant de sacrifices spirituels, et proclamer les merveilles de celui qui des ténèbres les a appelés à son admirable lumière. C’est pourquoi tous les disciples du Christ, persévérant dans la prière et la louange de Dieu, doivent s’offrir en victimes vivantes, saintes, agréables à Dieu, porter témoignage du Christ sur toute la surface de la terre, et rendre raison, sur toute requête, de l’espérance qui est en eux d’une vie éternelle. » (LG 10) Oui, riche du témoignage vécu par notre sœur Élisabeth de la Trinité, offrons-nous maintenant avec le Christ pour la gloire de Dieu et le salut du monde, dans l’Espérance de la résurrection bienheureuse.  


de diverses sources

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