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samedi 23 février 2019

homélie du dimanche 24 février

L’évangile est-il vraiment une bonne nouvelle ? Notre monde ne l’entend pas de cette oreille.
A considérer les exigences qu’il pose, on peut en douter. « Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, Aimez vos ennemis. » Est-ce seulement possible pour les chrétiens d’Irak ou de Syrie qui entendent ce matin cet évangile ? Ils ont subi les pires violences et se retrouvent maintenant dépouillés de tout et sans avenir. Comment pourraient-ils aimer ceux qui les ont martyrisés ?

Ne risque-t-on pas d’avoir mauvaise conscience devant des exigences difficiles à mettre en pratique ? Certains trouvent moins compliqué de ne pas être chrétien ?
Comment entendre ces paroles, impossibles à comprendre si on ne les situe pas dans leur contexte ? C’est celui du S
ermon de Jésus sur la montagne que nous avons entendu dimanche dernier :« heureux les pauvres de cœur, le royaume des cieux est à eux. » « Heureux les persécutés pour la justice, le royaume des cieux est à eux. » On s’en doute : Jésus ne désigne pas un bonheur facile, éphémère, mais ce bonheur profond que Dieu seul peut donner. Et le chrétien sait aussi que pour comprendre ces paroles étranges il faut regarder Jésus qui a été le premier à vivre les béatitudes, dans la foi au Dieu de bonté qu’il est venu nous révéler en nous donnant de l’appeler « notre Père ».


Jésus appelle à aller plus loin, non seulement à contenir la violence mais à briser le cercle de la violence où une violence en appelle une autre. Comment ? En ne répondant pas à un coup par un coup, en cédant son droit, en déposant sa puissance, en introduisant de la gratuité.
Devant les exigences de l’évangile, nous pensons spontanément aux situations extrêmes, comme celles de Syrie, et nous oublions celles de la vie courante qui nous concernent directement. Dans une altercation verbale, il n’est pas courant mais possible de laisser tomber un argument qui démontrerait que l’on a raison, de ne pas répondre en cherchant à marquer un point, de se taire. Petits exemples pour concrétiser l’appel à introduire de la gratuité dans le quotidien, avec bon sens et discernement. Ce n’est pas un comportement de faiblesse mais c’est combattre la violence par d’autres armes que celles de la violence. Ce n’est pas facile non plus, mais puisque chacun de nous est « sanctuaire de l’Esprit saint », habité par l’Esprit Saint, demandons à celui-ci de nous donner de discerner ce qui est juste en ce domaine et d’aimer pour le mettre en pratique.
« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. » Le disciple de Jésus qui connait les Écritures sait que l’injonction d’haïr son ennemi n’est pas dans les Écritures.
Au temps de Jésus, elle se trouve par contre dans des cercles pieux, fervents, dans les communautés des Esséniens et à Qumran. Il s’agit d’haïr « les fils des ténèbres », ceux qui font le mal au jugement de la communauté. Ce n’est pas notre situation. Pour les disciples de Jésus, reste à aimer les ennemis. Et d’abord à préciser ce que signifie le verbe « aimer »
dans le langage de Jésus et celui du Nouveau testament. Aimer ne désigne pas d’abord un sentiment, une affection, mais un « faire ». Aimer, c’est essentiellement vouloir le bien de l’autre et agir, poser des actes en ce sens. « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » Il ne s’agit pas d’arriver à un sentiment de sympathie pour celui qui m’a blessé, mais refuser de lui vouloir du mal et faire ce que je peux pour son bien, même si sa vue me reste insupportable.
Que faire pour celui qui a été injuste, qui a blessé, meurtri à l’extrême, comme dans les situations que nous avons évoquées en parlant de l’Irak ou de a Syrie ? Jésus ose dire : «  aimez vos ennemis. » Prendre le temps de chercher à regarder l’ennemi comme Jésus le regarde et a regardé ceux qui le crucifiaient. « Père pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Peut-être tout simplement poser un acte en prenant son chapelet et prier avec la Vierge Marie. En croyant que si Jésus nous appelle ainsi, il nous demande de donner ce que nous pouvons donner, pas tout seuls, mais en nous unissant à l’Esprit Saint qui nous a été donné en premier.
On voit que Jésus appelle ses disciples à un comportement qui ne se comprend que dans la lumière de la foi en ce Dieu Père qui regarde tous les hommes, y compris nos ennemis, avec bonté. D’une infinie bonté qui s’est traduite dans le pardon offert en son Fils et dans le don de l’Esprit.
« la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »
Le disciple de Jésus ne peut se contenter de peu, d’une vie simplement honnête, fraternelle. « Pardonnez, et vous serez pardonnés. », il ne s’agit pas d’une perfection morale puisque l’appel est à tourner son regard vers le Père des cieux pour chercher à l’imiter dans sa bonté, dans sa miséricorde. « Vous serez », est-ce seulement un commandement ? N’est-ce pas aussi d’une certaine manière une promesse ? En vivant unis au Christ, en Église,
l’Esprit Saint conformera peu à peu notre cœur au cœur de Jésus, un cœur de fils auquel le Père donnera d’aimer sans limite.

De diverses sources.

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