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vendredi 6 avril 2018

homélie du 8 avril 2ème dimanche de Pâques

Thomas est un homme proche des hommes de notre temps, il a un esprit scientifique si j’ose dire. Il veut vérifier, il veut des preuves. Les savants fonctionnent comme lui et doivent fonctionner comme lui. Ils doivent vérifier leurs hypothèses, faire et refaire des expériences. C’est seulement quand l’expérience a réussi et a été répétée qu’ils pourront dire : voilà nous avons trouvé un médicament efficace contre telle ou telle maladie. La science et la technique, si importantes dans notre monde moderne, ne peuvent pas fonctionner autrement. Et même dans d’autres secteurs de la vie, il n’est pas mauvais de cultiver un peu le doute, et d’avoir des preuves pour obliger à croire ce que nous avons constaté : « il n’y a pas de doute, ça fonctionne comme ça ». Ainsi va notre monde scientifique. Pourtant on ne peut pas appliquer cette méthode dans tous les domaines de la vie. Déjà dans les relations entre les personnes, relations d’amour ou d’amitié cela ne marche pas comme cela. Que seraient les relations entre nous ; entre époux et épouses par exemple si nous ne nous faisions pas fondamentalement confiance, si nous étions toujours en train de douter et de vouloir tout vérifier. Ce serait infernal. Les récits d’apparition du Ressuscité montrent que la foi n’est pas une démonstration scientifique, mais un chemin, un passage progressif du doute à la confiance. Ce n’est pas d’une manière spontanée que tous les disciples se sont mis à croire, il a fallu du temps, 40 jours jusqu’à l’ascension, où Jésus leur est apparu, on voudrait bien qu’il nous apparaisse, être comme Thomas, avoir la preuve : « j’ai vu, j’ai touché, j’ai entendu » Et bien non, il en va autrement de la foi, elle demande une autre relation, une confiance en la parole donnée par un ami. Thomas n’a pas cru ses amis apôtres, et pourtant la confiance sera le ciment de la communauté, de l’humanité.
Ainsi Jésus devant les apôtres terrorisés ayant verrouillé les portes du lieu où ils étaient, Jésus vient : « la paix soit avec vous ! » il vient leur redonner confiance. « De même que le Père m’a envoyé, je vous envoie », quelle confiance il leur fait ! De la même manière que le Père a mis toute sa confiance en son fils unique Jésus Christ, il va mettre sa confiance dans les apôtres. Et il souffla sur eux pour leur donner l’Esprit Saint. Ils ont donc l’Esprit de Dieu en eux pour accomplir les mêmes œuvres que Jésus. Et tout de suite il ne parle pas de faire des guérisons, mais de remettre les péchés : « A qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus ». C’est un service de communion qui leur est donné, permettre la communion avec Dieu. Le péché sépare, c’est pour cela qu’il y a le sacrement de réconciliation, pour être remis en communion avec Dieu. Et il y a le sacrement de l’eucharistie célébré aussi par le prêtre ou l’évêque successeur des apôtres, ils ont reçu la grâce de Dieu d’accomplir ce mystère où le pain et le vin son changés en corps du Christ pour que nous puissions communier et être unis à lui pour ne former qu’un seul corps. Face à Jésus, Thomas retrouve vite cette confiance en Jésus. Quand il est avec les autres apôtres, en l’absence de Jésus, il parle haut et fort. Quand il est face à Jésus il renonce à sa démonstration : il ne palpe pas et il ne met pas sa main dans les plaies, il croit comme les autres apôtres parce que Jésus se manifeste à lui. La présence de Jésus lui donne confiance, il a manqué de confiance envers les apôtres mais pas envers Jésus et il fait la plus forte confession de foi qu’on puisse imaginer : mon Seigneur et mon Dieu. Mais il a encore du chemin à faire reconnaitre en ces amis apôtres des témoins de la présence de Dieu. C’est encore ce qu’il manque à notre monde d’aujourd’hui de reconnaître la présence du Christ en ses témoins, la présence du Christ dans la communauté chrétienne qui se rassemble.
Nous croyons en Jésus parce que l’Evangile nous a été transmis par l’Eglise et parce que la lumière intérieure de l’Esprit Saint nous a permis de recevoir le message comme une parole venant de Dieu. La claire vision, la vision face à face nous est promise pour plus tard. En attendant nous marchons dans la foi, parfois dans une foi chancelante, exposée au doute, soumise à l’épreuve de la non-évidence de Dieu, mais nous marchons ensemble, en Eglise, et nous pouvons compter les uns sur les autres. Le bienheureux  Père Marie Eugène dit que la foi est obscure, car notre intelligence a besoin de choses vérifiable par nos sens comme l’on vérifie une vérité scientifique. La foi, elle, fait appel à autre chose, à la confiance car elle veut nous laisser libre, et pour notre liberté nous devons avoir la possibilité de douter. L’amour de Dieu ne peut s’imposer, il doit se laisser choisir par celui à qui il est destiné, sinon ce ne serait plus de l’amour.
Vous avez entendu dans l’évangile, le Ressuscité ne vient pas les mains vides. Trois fois il est question de la paix, et la paix c’est bien plus que l’absence de guerre. Elle est plénitude de la vie dans toutes ses dimensions, harmonie, bonheur. Le bonheur lui-même est d’ailleurs mentionné : Heureux ceux qui croient sans avoir vu. Et puis il y a le pardon des péchés, qui signifie qu’un nouveau départ est possible si nous sommes tombés. Enfin et surtout, il y a l’Esprit, qui est la force de vie venant de Dieu. Ce serait bien bête de notre part si nous n’ouvrions pas nos mains et nos cœurs pour recevoir de Dieu ces magnifiques cadeaux. Amen.
De diverses sources

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