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samedi 10 août 2019

homélie du dimanche 11 août

« A qui l’on a beaucoup donné on demandera beaucoup, à qui l’on a beaucoup confié,
on réclamera davantage…
 ». Voilà un petit mot « davantage  » qui nous pousse loin dans nos retranchements, Ce mot nous met en alerte, attise notre vigilance. Non la vie chrétienne ne sera jamais un long fleuve tranquille qui coule sans souci au gré de notre existence dans une forme de répétition nonchalante.
Au cœur de ce temps estival voilà une invitation qui risque de déranger une certaine tranquillité. Le Maître peut arriver à l’improviste nous rappelle Jésus : que va-t-il trouver ? Saurons-nous le reconnaître et l’accueillir ? Nous trouvera-t-il à l’œuvre, au travail ? « Tenez-vous prêts » affirme Jésus à ses auditeurs d’hier comme à ceux d’aujourd’hui. Rassemblés pour cette eucharistie, quelles sont nos préoccupations majeures ?
 Chacune et chacun d’entre nous pourraient formuler alors ce qui lui semble « sa » préoccupation principale, mais est-elle préoccupation de foi,
désir d’une vie chrétienne féconde ?
« Grâce à la foi », nous dit saint Paul dans la 2ème lecture ; reconnaissons que si nous sommes venu à l’église aujourd’hui, c’est grâce à la foi, à moins que d’autre soient venus pour autre chose, et je leur dirai que si vous n’avez pas la foi, demandez là, elle est un don de Dieu, on ne se l’invente pas, on ne se la fabrique pas, ce n’est pas une idéologie. Elle nous est souvent transmise par nos familles, nos amis ou des personnes qui ont une foi ardente. Cela depuis des millénaires. St Paul a retenu dans la 2ème lecture la foi d’Abraham et de Sara.

Tout a commencé pour eux avec le premier appel de Dieu (Gn 12) : « Pars de ton pays,
de ta famille et de la maison de ton père, et va vers le pays que je te ferai voir ».
Et Abraham « obéit », nous dit le texte ; au beau sens du mot « obéir » dans la Bible :
non pas de la servilité, mais la libre soumission de celui qui accepte de faire confiance ;
il sait que l’ordre donné par Dieu est donné pour son bonheur et sa libération, à lui, Abraham. Croire, c’est savoir que Dieu ne cherche que notre intérêt, notre bonheur.
« Abraham partit vers un pays qui devait lui être donné comme héritage » : croire, c’est savoir que Dieu donne, c’est vivre tout ce que nous possédons comme un cadeau de Dieu.
«Il partit sans savoir où il allait »: si l’on savait où l’on va, il n’y aurait plus besoin de croire! Croire, c’est accepter justement de faire confiance sans tout comprendre, sans tout savoir ; accepter que la route ne soit pas celle que nous avions prévue ou souhaitée ; accepter que Dieu la décide pour nous. « Que ta volonté se fasse et non la mienne » a dit bien plus tard Jésus, fils d’Abraham, qui s’est fait à son tour, obéissant, comme dit Saint Paul,
jusqu’à la mort sur la croix (Phi 2).
« Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge avancé (90 ans), fut rendue capable d’avoir une descendance » : elle a bien un peu ri, vous vous souvenez, à cette annonce tellement invraisemblable, mais elle l’a acceptée comme une promesse ; et elle a fait confiance à cette promesse : elle a entendu la réponse du Seigneur à son rire « Y a-t-il une chose trop prodigieuse pour le SEIGNEUR ? dit Dieu. A la date où je reviendrai vers toi, au temps du renouveau, Sara aura un fils » (Gn 18,14). Alors Sara a cessé de rire, elle s’est mise à croire et à espérer. Et ce qui était impossible à vues humaines s’est réalisé. « Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’avoir une descendance parce qu’elle avait pensé que Dieu serait fidèle à sa promesse ». Et il fallait la foi de ce couple pour que la promesse se réalise et que naisse la descendance « aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel et les grains de sable au bord de la mer ». Une autre femme, Marie, des siècles plus tard, entendit elle aussi l’annonce de la venue d’un enfant de la promesse et elle accepta de croire que « Rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1).
Grâce à la foi, Abraham traversa l’épreuve de l’étonnante demande de Dieu de lui offrir Isaac en sacrifice ; mais là encore, même s’il ne comprend pas, Abraham sait que l’ordre de Dieu lui est donné par amour pour lui, que l’ordre de Dieu est le chemin de la Promesse... Chemin obscur, mais chemin sûr. La logique de la foi va jusque-là : à vues simplement humaines, la promesse d’une descendance et la demande du sacrifice d’Isaac sont totalement contradictoires ; mais la logique d’Abraham, le croyant, est tout autre ! Précisément, parce qu’il a reçu la promesse d’une descendance par Isaac, il peut aller jusqu’à le sacrifier. Dans sa foi, il sait que Dieu ne peut pas renier sa promesse ; à la question d’Isaac « Père, je vois bien le feu et les bûches... mais où est l’agneau pour l’holocauste ? » Abraham répond en toute assurance « Dieu y pourvoira, mon fils ». Le chemin de la foi est obscur, mais il est sûr.
Il ne savait pas quelle leçon Dieu voulait lui donner sur l’interdiction des sacrifices humains, il ne connaissait pas l’issue de cette épreuve ; mais il faisait confiance. Des siècles plus tard, Jésus, le nouvel Isaac, a cru Dieu capable de le ressusciter des morts et il a été exaucé comme le dit aussi la lettre aux Hébreux.
Nous avons là une formidable leçon d’espoir ! En langage courant, on dit souvent
 « C’est la foi qui sauve »
En hébreu, le mot « croire » se dit « Aman » (d’où vient notre mot « Amen » d’ailleurs) ;
ce mot implique la solidité, la fermeté ; croire, c’est « tenir fermement », faire confiance jusqu’au bout, même dans le doute, le découragement ou l’angoisse. En français, on dit
« j’y crois dur comme fer »... en hébreu, on dit plutôt « j’y crois dur comme pierre ».
C’est exactement ce que nous disons quand nous prononçons le mot « Amen ».

Nos appuis ne seront jamais dans ce que nous possédons mais dans ce que Dieu nous donnera comme cadeau pour vivre l’humble quotidien, valeurs inestimables mais si fragiles.
Alors recevons cette messe comme un cadeau de Dieu, force pour cette semaine.

Que sera-t-elle ? Je ne sais, mais je sais que Dieu y sera l’hôte pour nous inviter à rester toujours et encore en tenue de service. Là est notre bonheur, ne l’oublions pas ! Gardons nos lampes allumées, elles sont signes que Dieu habite toujours notre existence et lui donne sens.

De diverses sources

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