Il n’est pas raisonnable
de rêver et de croire que les réalités d’ici-bas sont durables pour notre avenir.
« Vanité des vanités, tout est vanité » :
cette sentence désabusée du roi Qohélet est devenue proverbiale. Pour se
convaincre de sa sagesse, il suffit de porter un regard lucide sur les
événements de ce monde : que d’injustices ! Que d’énergies englouties dans des
projets éphémères ; que d’espoirs de prospérité légitimes détruits
scandaleusement !
L’épisode présenté dans l’Évangile est une application directe de ce qui choque notre sage : « Un homme s'est donné de la peine ; et voilà qu'il doit laisser son bien à quelqu'un qui ne s'est donné aucune peine ». Ce dernier – le bénéficiaire du travail d’un autre - trouve même le moyen de se disputer avec son frère, en refusant de partager avec lui le don gratuit qui leur est fait à tous deux. Non seulement celui qui a amassé l’héritage ne jouit pas du fruit de son travail, mais en raison de leur « âpreté au gain », ses héritiers n’en profitent pas davantage : ils s’entredéchirent plutôt !
Celui qui se sent lésé élève la voix : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage ». La démarche peut nous surprendre, mais il était normal dans le monde juif de l’époque, de consulter un « rabbi » pour résoudre ce genre de litige. Pourtant Jésus le repousse vivement : « Homme - cela signifie qu’au-delà de cette rencontre particulière, c’est à tout homme que Jésus s’adresse - qui m'a établi pour faire vos partages ? » - sous-entendu « les partages de vos biens terrestres ». Rompant avec la tradition rabbinique, Jésus refuse d’entrer dans la résolution du différent, argumentant que « la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses », car la jouissance de la vie véritable ne saurait découler de la possession de biens éphémères. Le seul problème de succession qui compte porte sur notre véritable héritage, auquel nous avons accès en devenant par la foi, cohéritier avec Jésus de la vie éternelle (cf. Rm 8, 17).
Nous nous acheminons ainsi vers l’interrogation que nous pose la liturgie de ce jour : à quoi notre cœur s’attache-t-il ? Vers quoi tendons-nous ? Quel sens donnons-nous à notre vie à travers nos choix quotidiens ?
Le problème de l’homme riche dont Jésus parle dans la parabole, n’est pas d’avoir amassé des richesses, mais de s’être coupé du réel. Il s’est en effet construit un monde imaginaire où il se trouve seul avec lui-même, dans un illusoire dialogue sans interlocuteur, puisque c’est à son « âme » qu’il s’adresse. Or que nous le voulions ou non, nous nous inscrivons dans une réalité organique qui englobe toute l’humanité, appelée à devenir le Corps du Christ, la Famille de Dieu. Et aux jours d’aujourd’hui avec tous les jeux d’internet, nous pouvons nous demander si l’on est dans la réalité ou dans le virtuel. Cet homme désire « se reposer », sans autre souci que de « jouir de l’existence » dans une vie centrée sur le « boire » et le « manger », c'est-à-dire la satisfaction égoïste de ses besoins. Hélas, le réveil de ce songe sera douloureux : « cette nuit même on te redemande ta vie ! » Au lieu de « s’enrichir aux yeux de Dieu » en partageant ici-bas ses biens avec ceux qui en ont besoin, il va se trouver pauvre et nu dans l’au-delà, tandis que d’autres jouiront de ce qu’il aura amassé dans ses greniers.
En ne vivant que pour lui-même, dans son rêve, sans souci ni de Dieu ni des autres, ce pauvre homme est devenu « fou », c'est-à-dire insensé, n’ayant pas su interpréter le sens des richesses que Dieu lui confiait.
Cet insensé, c’est nous, chaque fois que, perdant de vue notre destinée de gloire, nous vivons ici-bas en n’ayant d’autre horizon que la satisfaction de nos désirs et de nos envies.
L’épisode présenté dans l’Évangile est une application directe de ce qui choque notre sage : « Un homme s'est donné de la peine ; et voilà qu'il doit laisser son bien à quelqu'un qui ne s'est donné aucune peine ». Ce dernier – le bénéficiaire du travail d’un autre - trouve même le moyen de se disputer avec son frère, en refusant de partager avec lui le don gratuit qui leur est fait à tous deux. Non seulement celui qui a amassé l’héritage ne jouit pas du fruit de son travail, mais en raison de leur « âpreté au gain », ses héritiers n’en profitent pas davantage : ils s’entredéchirent plutôt !
Celui qui se sent lésé élève la voix : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage ». La démarche peut nous surprendre, mais il était normal dans le monde juif de l’époque, de consulter un « rabbi » pour résoudre ce genre de litige. Pourtant Jésus le repousse vivement : « Homme - cela signifie qu’au-delà de cette rencontre particulière, c’est à tout homme que Jésus s’adresse - qui m'a établi pour faire vos partages ? » - sous-entendu « les partages de vos biens terrestres ». Rompant avec la tradition rabbinique, Jésus refuse d’entrer dans la résolution du différent, argumentant que « la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses », car la jouissance de la vie véritable ne saurait découler de la possession de biens éphémères. Le seul problème de succession qui compte porte sur notre véritable héritage, auquel nous avons accès en devenant par la foi, cohéritier avec Jésus de la vie éternelle (cf. Rm 8, 17).
Nous nous acheminons ainsi vers l’interrogation que nous pose la liturgie de ce jour : à quoi notre cœur s’attache-t-il ? Vers quoi tendons-nous ? Quel sens donnons-nous à notre vie à travers nos choix quotidiens ?
Le problème de l’homme riche dont Jésus parle dans la parabole, n’est pas d’avoir amassé des richesses, mais de s’être coupé du réel. Il s’est en effet construit un monde imaginaire où il se trouve seul avec lui-même, dans un illusoire dialogue sans interlocuteur, puisque c’est à son « âme » qu’il s’adresse. Or que nous le voulions ou non, nous nous inscrivons dans une réalité organique qui englobe toute l’humanité, appelée à devenir le Corps du Christ, la Famille de Dieu. Et aux jours d’aujourd’hui avec tous les jeux d’internet, nous pouvons nous demander si l’on est dans la réalité ou dans le virtuel. Cet homme désire « se reposer », sans autre souci que de « jouir de l’existence » dans une vie centrée sur le « boire » et le « manger », c'est-à-dire la satisfaction égoïste de ses besoins. Hélas, le réveil de ce songe sera douloureux : « cette nuit même on te redemande ta vie ! » Au lieu de « s’enrichir aux yeux de Dieu » en partageant ici-bas ses biens avec ceux qui en ont besoin, il va se trouver pauvre et nu dans l’au-delà, tandis que d’autres jouiront de ce qu’il aura amassé dans ses greniers.
En ne vivant que pour lui-même, dans son rêve, sans souci ni de Dieu ni des autres, ce pauvre homme est devenu « fou », c'est-à-dire insensé, n’ayant pas su interpréter le sens des richesses que Dieu lui confiait.
Cet insensé, c’est nous, chaque fois que, perdant de vue notre destinée de gloire, nous vivons ici-bas en n’ayant d’autre horizon que la satisfaction de nos désirs et de nos envies.
Dans la seconde lecture, Saint Paul nous aide
vigoureusement à vérifier où nous en sommes de la gestion de notre vie : si
nous nous adonnons « à la débauche ou à l’impureté », si nous cédons « aux
passions, aux désirs mauvais, et à l’appétit de jouissance », il est clair que
nous n’avons pas encore réalisé la « vanité » des plaisirs de ce monde.
Aussi longtemps que nous
demeurons prisonniers de nos fantasmes, nous « ne recevrons pas en héritage le
Royaume de Dieu », car, emportés par nos rêves nous ne collons plus à la
réalité d’en haut. Il n’est pas raisonnable de rêver et de croire que les
réalités d’ici-bas sont durables pour
notre avenir. Saint Paul nous enseigne une voie médiane, qui consiste à
rechercher « les réalités d’en haut », tout en poursuivant notre pèlerinage
ici-bas. La conclusion de la deuxième lecture est éloquente à cet égard : pour
ceux qui orientent leur vie vers le Royaume qui vient, « iI n'y a plus de Grec
et de Juif, plus d'esclave, d'homme libre, il n'y a que le Christ : en tous, il
est tout ». C’est par notre vie fraternelle nous mettant au service des uns et
des autres tout simplement que notre vie prendre le sens de l’éternité.
La prière du psaume de ce
jour peut nous aider dans ce travail de conversion : « Apprends-nous la vraie
mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse ». Le souvenir de
l’échéance inévitable qui nous attend au terme de cette courte vie, est sans
aucun doute un moyen efficace pour « nous débarrasser des agissements de
l’homme ancien » (2nd lect.).
« Oui Seigneur : "apprends-nous la vraie mesure de nos jours", afin que faisant un bon usage des biens qui passent, nous puissions dès à présent et pour toujours, nous attacher aux biens qui ne passeront pas. »
« Oui Seigneur : "apprends-nous la vraie mesure de nos jours", afin que faisant un bon usage des biens qui passent, nous puissions dès à présent et pour toujours, nous attacher aux biens qui ne passeront pas. »
De diverses sources
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire