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samedi 29 avril 2017

Homélie du 3ème dimanche de Pâques, année A
La connaissance du mystère de Dieu passe d’abord par le cœur. 
Deux disciples de Jésus, le surlendemain de la terrible journée de la crucifixion de leur Maître, prennent leur distance par rapport à cette ville de Jérusalem, cette ville qui tue les prophètes. Leurs raisons d'espérer et de vivre les plus profondes se sont effondrées.
Que d'espoirs n'avaient-ils pas investis sur la personne de Jésus de Nazareth. Ils avaient reconnu en lui « un prophète puissant par ses actes et ses paroles, non seulement devant Dieu mais aussi devant tout le peuple. » Les foules l'avaient d'abord acclamé. Mais les foules sont versatiles et se laissent facilement manipulées. Elles ont abandonné Jésus aux mains de ses adversaires. Dieu l'aurait-il abandonné, lui aussi ? « Et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël! » De ces deux disciples, seul Cléophas est nommé. L'autre est resté anonyme. Cet autre disciple, c'est moi, c'est chacun de nous. C'est moi durant cette maladie grave qui m'épuise et m'enlève le goût de vivre. C'est moi après un échec professionnel qui me fait douter de mes capacités. C'est moi déçu par mes collègues ou amis ou des personnes en qui j’avais mis toute ma confiance. Par l’actualité morose le doute s'est insinué dans ma vie croyante: Jésus est-il vraiment ce Seigneur de tendresse dont j'entends si souvent parlé à l’église. La vie temporelle apparaît tellement contraire à la Bonne Nouvelle que nous proclamons.
Sur le chemin qui conduit à Emmaüs, un village situé « à deux heures de marche de Jérusalem, » les deux disciples ont eu le temps d'échanger: « Ils parlaient entre eux de tout ce qui s'était passé. » Aux heures de détresse, il est bon de pouvoir parler avec des amis,
de relire les événements qui nous ont ébranlés: comment cela a-t-il pu arriver ?
Aurait-on pu l'éviter? Quelle est ma part de responsabilité? Mais, au bout du compte,
les réponses les plus lucides risquent bien de nous laisser sur notre faim.
Au-delà de l'enchaînement des causes rationnelles, ne faut-il pas faire une lecture, avec les yeux de la foi, plus pénétrante, spirituelle.   Cléophas et son compagnon ont la bonne fortune d'être rejoints par un inconnu qui leur propose de faire route avec eux. Rencontre qui s'avère providentielle car cet homme fait preuve, non seulement d'une grande qualité d'écoute et d'une grande bienveillance, mais aussi d'une connaissance novatrice des Ecritures.
« En partant de Moïse et de tous les prophètes, il leur expliqua qu'il fallait que le Messie souffrît pour entrer dans sa gloire. » Chemin faisant, par la grâce de cet inconnu,
le lamentable échec du Golgotha prend le sens d'une victoire. A l'encontre de la théologie courante des scribes et des docteurs de la Loi sur la venue du Messie, l'échec du Golgotha, est en réalité victoire sur le mal. Sur l'arbre de la honte, le condamné a été glorifié par Dieu. « Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire. »
C'est la victoire de l'amour de Dieu pour les hommes. Les puissances du mal ont été déjouées. Mais on ne peut comprendre cela qu'avec les yeux de la foi. Un compagnon de route qui ouvre le cœur à l'intelligence des Ecritures. Mais notre cœur est tellement lent à croire! Et Jésus pourrait nous reprocher, comme aux pèlerins d'Emmaüs, notre aveuglement sur les menus événements qui tissent nos journées.
La méditation de ta Parole, Seigneur Jésus, pourrait m'en donner le sens.
Mais pourquoi, Seigneur Jésus, as-tu dit à Cléophas et à son compagnon : « cœurs lents à croire » ? Pourquoi n' as-tu pas dit: intelligences lentes à comprendre?
C'est que la connaissance du mystère de Dieu passe d’abord par le cœur.  C'est en aimant que nous pouvons commencer à comprendre ton Amour pour nous. Frère Roger de Taizé nous dira : « Passage fulgurant de l’amour de Dieu, l’Esprit Saint traverse chaque être humain comme un éclair dans sa nuit. Par cette mystérieuse présence, le Ressuscité te saisit, il se charge de tout, il prend sur lui jusqu’à la lourde épreuve » (Amour de tout amour)
Madeleine Delbrel, dira :« La lumière de l'Evangile n'est pas une illumination qui nous demeure extérieurs: elle est un feu qui exige de pénétrer en nous pour y opérer une transformation. » (Indivisible amour)
Identifié à la fraction et au partage du pain ; arrivés à l'étape, les deux disciples, ont retrouvé le goût de vivre. La nuit commence à tomber.
La nuit, redoutée des malades, nuit de la solitude, des sans abri.
« Ils s'efforcèrent de le retenir: Reste avec nous, le soir approche et déjà le jour baisse. »
Ils offrent l'hospitalité à cet étranger dont la présence leur fait chaud au cœur mais dont ils ignorent encore l'identité. Le partage du repas permettra de faire plus ample connaissance.
Et voilà que celui qui est accueilli devient l'hôte qui accueille, qui préside, qui offre la bénédiction, qui rompt et partage la pain avec des gestes et des mots qui déchire la voile et révèle l’identité du mystérieux compagnon de route. « Alors leurs yeux s'ouvrirent et le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.» Même invisible à leur yeux de chair, le Ressuscité restera présent. Mais il est vrai que la discrétion de ce compagnon, qui chemine à nos côtés au rythme de nos pas et se glisse dans les événements de tous les jours, est grande. L'amour ne saurait s'imposer. Bien plus encore l'Amour de Dieu: il ne peut que se proposer, inlassablement. Les deux disciples sont « retournés à Jérusalem à l'instant même » pour y retrouver les apôtres rassemblés.
Désormais, jusqu'à la fin des temps, la mission de tout disciple de Jésus est claire:
annoncer au monde la formidable Bonne Nouvelle « C'est vrai! le Seigneur est ressuscité. »


De diverses sources

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