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jeudi 29 mars 2018


homélie du jeudi saint
« c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez vous aussi, comme j’ai fait pour vous ».
« Jésus, sachant que l’heure était venue, ayant aimé les siens qui était dans le monde les aima jusqu’au bout ». Depuis le début de son Evangile, Saint Jean ne cesse de prévenir son lecteur. Tout ce que Jésus a vécu pendant sa vie publique, est à comprendre dans l’accomplissement de cette heure : toutes ses rencontres, avec sa Mère à Cana, puis la nuit avec Nicodème, au puits avec la samaritaine, à la piscine de Siloé avec l’aveugle, au plus près du sol avec la femme adultère ou dans le tombeau de la mort avec Lazare, toutes ces rencontres sont autant de jalons pour que vienne cette Heure dans le monde. Cette Heure est l’heure favorable comme est celle du grain de blé, lorsque mourant en terre, il commence sa germination. Cette heure est l’heure favorable comme est celle du fruit de la vigne lorsqu’il devient mûr pour le pressoir. Cette heure est l’heure favorable comme est celle de l’homme, de la femme qui éprouve en lui, en elle que la Vie l’appelle à sortir de son monde, à mourir à ce qui le retient, son péché ou ses petites lâchetés pour entrer dans une Vie, la Vie nouvelle. Cette heure bouleversante dans laquelle le Christ entre ce soir manifeste le poids de sa vie,
la gloire du dessein d’Amour bienveillant du Père pour l’homme. Cette heure est le point de convergence, manifestant l’orientation fondamentale de toute sa prédication et de ses gestes. Non un acte supplémentaire mais l’accomplissement de l’œuvre à laquelle il avait travaillé et qui va trouver dès le lavement des pieds l’expression de la plus haute charité. « Jésus verse de l’eau dans un bassin et se met à laver les pieds de ses disciples ». Origène, un vieux commentateur de la Bible au III°s., comprenaient les pieds comme le soubassement de l’âme…parce que nous nous appuyons dessus pour être debout, pour vivre debout. Quand Jésus lave les pieds de ses disciples, c’est finalement le fond de leur humanité qu’il vient purifier. Et à bien y réfléchir, cela « fonctionne » bien ! nos pieds sont une juste image de notre vie quotidienne et concrète tant ils sont au contact de la terre, s’enfoncent dans le sol, se salissent dans la boue des affaires du monde. A l’heure où Jésus passe de ce monde au Père, il vient ainsi ôter la poussière que l’homme traîne à ses pieds depuis le jardin de l’Eden. Il vient redonner tout son éclat à l’homme. Le récit du lavement des pieds ne signifierait-t-il pas ainsi autre chose qu’une leçon de morale sociale invitant les supérieurs à prendre l’habit de service ? Saint Jean ne nous dirait-il pas qu’en lavant les pieds de ses disciples, Jésus ôtait les peaux mortes de leur égarements et de leur péché dans le monde ?
« Le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Mangez, ceci est mon corps, qui est pour vous » Dans un même mouvement lors cette soirée préparant la Pâques, Jésus expose son Corps et nous donne sa chair à manger, sous la forme du pain,
avec la fraction comme geste mémorial de sa présence divine dans le monde.
En mangeant son Corps, sa Vie se dépose et se déploie en nous, elle nous irrigue de l’intérieur. Manger le Corps du Christ, c’est inverser la logique biologique de l’aliment qui s’assimile au corps de celui qui le mange. Ici, notre corps s’incorpore à Son Corps, notre vie s’assimile à la vie divine. A notre tour, nous entrons dans ce mouvement du Corps qui se donne par Amour. Notre chair parle de Dieu. Qui vit de Dieu expose sa chair au monde, comme tabernacle.
En mangeant son Corps, nous sommes porteurs de la présence réelle de Dieu en nous pour le monde. Ce qui exige d’accepter que notre chair, notre vie soit notre première terre de mission et de conversion, en donnant à Dieu la place qu’il cherche. Nos corps, beaux ou déformés par la maladie ou la souffrance, quand ils sont habités de cette présence de Dieu, peuvent alors être les signes éclatants, indicibles, de l’Amour de Dieu pour le monde.
« c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». « faites cela en mémoire de moi ».
L’évènement résent que tout le monde a salué, cet acte du colonel gendarme Arnaud Beltrame de prendre la place du sacrifié est le résultat d’un homme qui a choisi de servir le peuple jusqu’à donner sa vie pour défendre les valeurs de notre notre nation. Habité par un esprit d’amour, il a été fidèle jusqu’au bout. L’évêque aux armées disaint : « Arnaud Beltrame s’est avancé, a pris la place d’une innocente, a été mis à mort. C’est un véritable Vendredi saint. Il ne manque plus que Pâques. Celles que les chrétiens célèbrent d’ici quelques jours. »
Ce don de la vie n’est pas celle d’un religieux, mais d’un laïc qui est pour nous un exemple de fidélité et de communion à l’Esprit du Christ qui a donné sa vie pour nous sauver.
Aujourd’hui, nous faisons mémoire pour que notre vie, parfois si hésitante à se donner,
entre dans ce même mouvement du don de soi. Pour que notre chair, purifiée et vivifiée, devienne Parole de Dieu. Par ces deux gestes inséparables du pain partagé et des pieds lavés, Jésus nous offre de participer à son œuvre, celle de nous configurer à son image et à sa ressemblance, à la fois maître et serviteur.
De diverses sources

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